Chapitre 22 - Baiser ou se faire baiser, il faut choisir (partie 5)

— Il faut que je vérifies ?

Pour une fois, il ne pensait pas à en profiter. Il était vraiment inquiet, mais surtout il était à nouveau en colère contre Olivier qui avait osé abimer Capucine et contre elle qui ne lui avait rien dit.

— Et comment tu veux faire ça ? Demanda-t-elle en plissant les yeux.

A bien y regarder, elle commençait même à mettre ses oreilles en arrière et à battre de la queue.

— Commence pas à faire cette tête. Putain, tu pourrais avoir une côte cassée, t'es chiante.

Et il ne pouvait pas la soigner, même pas atténuer sa douleur ! Il se sentait vachement utile, tiens !

— Okay.

Elle prit sa main et la posa sur son flanc. Elle la fit remonter lentement le long de ses côtés jusqu'à son sein. Celui avec le grain de beauté.

— C'est pas agréable mais si ma côte était cassée, j'aurais eu mal quand je riais et quand je bougeai... Pas juste au contact de ta main. Si tu veux tout savoir ce connard d'Olivier a fait voler les conteneurs des poubelles sur moi. Il y en a un qui m'a heurté de ce côté.

Visiblement cet aveux était pour Capucine la plus grande preuve de confiance, vu l'expression honteuse et révoltée qui passait sur son visage. Une poubelle plein de détritus s'était renversée sur elle. Il n'y avait pas pire outrage. A part peut être la fois où Alexis avait vomi sur ses chaussures et où elle avait refusé de sortir de sa chambre pendant deux jours.

Noé ne s'était pas attendu à ce que sa main se retrouve sur son sein. Sa colère fondit aussitôt comme neige au soleil et il sentit sa bouche devenir sèche.

— Quel salopard, dit-il plus bas.

Olivier avait commis le pire affront concernant Capucine. Il lui en voulait encore plus maintenant.
Il releva ses yeux vers les siens. Il était toujours un peu nerveux, mais elle put voir qu'il était toujours inquiet pour elle.

— Pourquoi Quentin t'a laissée y aller seule... J'ai cru que j'allais péter un câble quand il m'a dit que tu cherchais Olivier.

— Parce que personne ne me dit non, dit elle fermement.

En théorie. En pratique ça lui arrivait un peu trop souvent hélas. Mais peut être que si elle répétait ça à tout le monde, y compris aux plus jeunes, alors les gens finiraient par le croire et ne lui opposerait plus de refus.

— Je pouvais y aller et j'avais des choses à vérifier que j'ai lu en Norvège. Entre autre qu'on pouvait tuer un changelin ou un oaf avec le feu.

— Un Oaf ? Oh, les ombres comme Olivier, comprit-il aussitôt.

Elle vit que quelque chose venait de percuter dans sa tête.

— Quentin peut être détruit par le feu ? demanda-t-il, préoccupé par la question.

— Oui. s'il entre en contact avec une braise ou une flamme, il disparait. C'est ce qui s'est passé avec la main d'Olivier quand je l'ai brûlé.

Elle le regarda.

— Peut être qu'on pourrait continuer d'en parler sans ta main sur mon sein parce que c'est un peu...

Ils entendirent que ça s'agitait à nouveau dans la chambre d'à côté.

Noé sembla se rappeler du doux contact du sein de Capucine sur sa peau et il sourit. Après tout, c'était elle qui avait mis sa main là. Il bougea légèrement sa main pour que ses doigts caressent doucement son mamelon. Il s'attendait à ce qu'elle l'arrête à chaque seconde.

— Ou on peut en parler demain.

Il réussit à soutenir son regard, se sentant un peu plus sûr de lui à nouveau. Il approcha son visage un peu plus du sien, regarda sa bouche, revint à ses yeux, et se pencha pour l'embrasser.

Elle se demanda l'espace d'un instant si Quentin débarquerait dans la chambre si elle se mettait à faire les même bruits que Bo ou s'il attendrait le lendemain matin pour être chiant.
Elle posa sa main sur sa nuque et répondit à son baiser. Elle ne retira pas sa main de sa poitrine.

Noé s'enflamma en sentant ses lèvres s'ouvrir sous les siennes. Son baiser se fit plus fougueux et sa caresse un peu plus rude. Sa main libre s'était glissée sur la nuque de Capucine.

Elle écarta ses lèvres des siennes.

— Un peu plus doucement ta main, c'est pas mon meilleur côté, rappela-t-elle à voix basse.

Elle ajouta avant qu'il ne s'imagine des choses.

— Je ne coucherai pas avec toi ce soir, Noé.

Elle réalisa que "ce soir" aurait dû être facultatif dans sa phrase parce qu'elle sentait qu'il était capable de s'y raccrocher furieusement. D'un autre côté, vu comment elle se retrouvait à l'embrasser, un peu trop souvent depuis 48h, ça n'aurait pas été honnête de l'exclure complétement.

Noé réalisa que c'était ce dont il avait envie. Enfin, son corps le lui avait sans cesse répété cette nuit, mais sa tête avait été trop embrumée pour qu'il considère vraiment cette éventualité. Tout était allé très vite avec Capucine ces dernières 48h et tout s'était mélangé : fantasme, désir, réalité, audace, jeu...

— Pourquoi tu me laisses faire alors ?

Sa voix trahissait son impatience et son désir. Il n'avait pas continué de caresser son sein, écoutant sa demande pour ne pas lui faire mal.

— J'en sais rien...

Elle avait rarement été si honnête mais elle n'était pas sûr que sa réponse l'aide réellement. Elle baissa les yeux et se demanda quel pouvait être son problème pour en être arrivée là. Est-ce que c'était par dépit de voir Quentin lui échapper qu'elle en venait à se rabattre sur Noé ? C'était ce qu'il dirait en tout cas. Tout le monde le dirait.
Etait-ce à cause de la malédiction et la manière dont il l'avait défendue ? Ou bien avait elle finie par se laisser attraper par toutes ses vannes sur le ton du flirt qu'il lui sortait ?

Sa réponse le décontenança un peu. Cette fois, elle ne jouait pas et c'était encore plus troublant. Eric lui aurait sûrement répondu qu'il savait, lui, qu'il était irrésistible ou un truc du genre. Si cela avait été une fille de son âge, Noé aurait d'ailleurs certainement dit ce genre de trucs sans aucune honte ni hésitation, avec son air sûr de lui et son sourire charmeur. Cela ne lui vint même pas à l'idée avec Capucine.
Il préféra l'embrasser à nouveau, goûtant sa chance.

Elle l'attira sur elle et éteignit la lumière de sa main libre.

— Lentement. Doucement, murmura-t-elle ses lèvres près des siennes.

Elle rappela également :

— Je ne coucherai pas avec toi. Je ne sors pas avec toi. Et si qui que ce soit entend parler de ça, en particulier Chris qui ne sait pas tenir sa langue, je flinguerai systématiquement toutes tes potions.

Elle n'était pas sûr que toutes ces consignes parviennent à dissimuler qu'elle capitulait ni plus ni moins à cet instant. Mais cette situation ne se reproduirait pas. Quoique décide Quentin, elle n'allait pas systématiquement se retrouver dans la même chambre que Noé.

Les lèvres de Noé allaient reprendre possession des siennes quand ses paroles arrivèrent à son cerveau.

— Tu peux pas faire ça... souffla-t-il, la voix rendue rauque par le désir.

Son attention fut un instant capté par le mamelon de Capucine qui durcissait sous ses doigts et par le fait qu'elle allait finir par sentir son érection.

— Si tu me laisses continuer pour m'arrêter ensuite...

Ce serait cruel de sa part de le laisser monter en pression pour le stopper en plein élan. Vraiment cruel.

— Capucine... Arrête-moi... maintenant... ou... pas... du tout, réussit-il à dire entre ses baisers.

Elle se cambra contre lui et ferma les yeux. Le sentir la désirer ainsi était très troublant, elle se rendit compte qu'elle n'y était plus habituée. Elle fit glisser ses mains le long de son dos jusqu'à ses fesses pour le sentir plus près encore.

— Arrête-toi alors, murmura-t-elle à son oreille dans un souffle.

Sentir sa main toujours sur son sein ne l'aidait pas à retrouver son sang-froid. Elle se demanda si Bo et Quentin n'envoyait pas des effluves de magie rouge dans tout l'immeuble... Mais elle supposait que si elle avait résisté à la musique du Boudoir de Circé alors la magie des changelins ne devait pas la toucher non plus...

Si elle l'avait repoussé, cela aurait été plus facile, mais la sentir se cambrer ainsi enflammait encore plus son désir. Il revint encore une fois à ses lèvres, mais retira sa main de son sein pour la poser sur le matelas. Elle avait dit qu'il devait s'arrêter et pourtant, il sentait qu'elle pourrait céder, qu'elle en avait autant envie que lui à la manière dont elle répondait à ses baisers ou se collait contre lui. Cependant, elle avait dit "arrête-toi".
Finalement, il s'écarta d'un coup pour s'allonger sur le dos brutalement dans un long soupir de frustration. Il posa un bras sur ses yeux, le souffle court, et releva sa jambe pour dissimuler ce que son boxer ne cachait plus.
Capucine lui avait toujours dit qu'un garçon ne devait pas croire qu'un "non" voulait dire "oui", qu'il devait respecter quand on lui disait "stop" même s'ils étaient déjà à poil et il l'avait toujours écoutée. Il n'allait pas faire la sourde oreille avec elle ! Même si c'était horriblement frustrant. Même s'il sentait qu'il était sur le point d'exploser.

Capucine maudit encore plus Quentin et sa copine qui eux ne s'arrêtaient plus visiblement.
Elle tourna son visage pour observer Noé. Elle n'aurait vraiment pas cru qu'il le fasse. Il avait pourtant dû sentir qu'elle n'aurait pas été difficile à convaincre.
Elle se retint de lui dire qu'elle était fière de lui. C'était un peu trop maternant et il aurait eu raison de mal le prendre.
Elle se passa la main sur le visage en se disant que demain matin il n'y aurait qu'une personne frustrée à la table du petit déjeuner. Une seule. Mais c'est pas comme si elle n'y avait pas été habituée. Eric était un sale égoïste et il lui avait appris à supporter ça.
Elle ferma les yeux un instant pour écouter la respiration de Noé. Il n'était pas comme lui. Il était bien plus généreux et attentionné. Bien sûr, il avait encore un côté page blanche mais... Elle savait qu'au fond de lui c'était vraiment un mec bien. Elle ne pouvait pas le laisser comme ça. Pas après ce qu'elle lui faisait vivre depuis deux jours.
Elle l'enjamba et écarta son bras pour qu'il la regarde.

— Y a pas beaucoup de type de ton âge qui accepté de faire, ce que tu viens de faire, murmura-t-elle.

Elle caressa doucement sa bouche de son pouce.

— Laisse-toi faire, murmura-t-elle.

Elle l'embrassa lentement sur la gorge et descendit le long de son torse jusqu'à son ventre. Ses mains se posèrent sur son boxer pour le faire descendre.

Noé ne comprenait plus rien. Elle avait voulu arrêter et maintenant, elle revenait à la charge. Son cerveau fut soudain incapable de fonctionner et son corps se cambra sous ses baisers. Il bascula la tête dans l'oreiller, fermant les yeux dans un nouveau soupir, de plaisir cette fois.

Capucine ne savait pas trop combien de copines Noé avait pu avoir ces deux dernières années mais il lui semblait être moins grand consommateur qu'Eric. Une fois qu'elle l'eut débarrassée de son dernier vêtement, elle entreprit de lui montrer qu'il y avait des choses bien plus agréable à vivre qu'à regarder sur son ordinateur.
Elle n'eut pas vraiment le loisir d'y passer beaucoup de temps, la simple caresse de sa langue sur cette partie de son anatomie, tout comme celle de sa bouche semblèrent rapidement donner une vague de plaisir à Noé.
Capucine était presque déçue d'avoir si peu à faire. Mais au moins se sentirait il mieux, maintenant.
Elle revint s'allonger à sa place. Visiblement, Quentin et Bo s'étaient un peu calmé. Il devait être au moins 4h du matin. Ils allaient peut être dormir un peu avant de remettre ça au réveil...

Noé était partagé entre la honte d'avoir été si rapide et se laisser porter par le plaisir. Jamais il n'aurait cru que Capucine ferait ça. A lui. Même dans ses fantasmes, il n'avait que rarement imaginé ça.
En vérité, il n'avait que rarement expérimenté ce type de baiser intime. Ce n'était pas le genre de Clémentine. Sa petite-amie précédente avait bien essayé une fois ou deux, mais cela n'avait pas été aussi agréable que le peu que Capucine lui avait offert.
Maintenant, il se sentait mieux. Son corps était apaisé et sa tête un peu dans les nuages. Il tourna son visage vers Capucine. Il craignait un peu qu'elle soit déçue, mais il avait été tellement tendu depuis des heures, son désir jouant au yo-yo, qu'il se consolait en se disant que son manque d'endurance s'expliquait. Il lui offrit un sourire chaleureux et se remit sur le côté pour venir l'embrasser, plus lentement cette fois.

— Tu veux que... murmura-t-il en écartant ses lèvres des siennes.

Mais à vrai dire, il ne savait pas trop ce qu'elle pourrait vouloir qu'il fasse. Il n'avait jamais vraiment donné du plaisir à une fille sans prendre le sien en même temps. Les caresses et les baisers intimes, les préliminaires poussés restaient un monde presque inconnu pour lui.

— Mon dieu non... Je suis horriblement exigeante pour ce genre de choses. A ce jour, personne n'a supporté mes ordres. Alors je m'en passe très bien.

Elle lui sourit et lui caressa la joue.

— Dors, dit elle doucement.

Elle s'installa sur le ventre et ferma les yeux. Il n' y aurait qu'une personne de frustrée à la table du petit déjeuner. Et pour une fois, elle n'aurait pas à partager ce titre avec Alexis.

Il laissa un dernier baiser sur la rondeur de son épaule et se réinstalla sur le côté, tourné vers elle. Il ferma les yeux, se repassant tout ce qui venait de se passer dans sa tête, un sourire heureux sur les lèvres. Il espérait que ce n'était pas un rêve. Epuisé par sa journée et toutes ces émotions, il ne mit pas très longtemps à s'endormir.