Chapitre 21 - Urgence et manigances (partie 2)

Noé n'avait pas beaucoup d'effort d'imagination à faire pour l'imaginer sans sa culotte et sans son soutien-gorge maintenant. C'était vraiment très, très troublant.

— Pas mal, oui.

Mais maintenant qu'il y repensait, son petit moment intime avec Clémentine lui semblait bien moins excitant que ce qu'il venait de vivre.

— T'as pas eu de nouvelles de ton frère ?

Quentin. C'était un bon sujet pour faire redescendre la pression à l'un comme à l'autre. Elle aurait dû y penser avant.

Il soupira, signe qu'elle avait raison.

— Aucune. Il a dit hier qu'il voulait examiner le bureau du prof de fac ce matin.

Noé n'avait finalement pas eu tellement le temps de s'attarder trop sur tout ce qu'il avait appris la veille, ni de réfléchir à ses frères, à la nature de Quentin. Ce n'était peut-être pas plus mal ainsi.

— Ah oui... C’est vrai que ça marchait pas avec moi. Il devait aussi dire à Alexis que je prenais sa piaule...

Elle se tordit légèrement la cheville quand son talon resta coincé dans le chemin et se rattrapa à Noé pour ne pas tomber.

Il la soutint aussitôt et son coeur repartit faire la sarabande dans sa poitrine.

— Tu devrais mettre autre chose comme chaussures quand tu viens ici. Oublie pas que je peux pas te soigner. ça fait mal ?

Elle se remit sur pieds.

— Je suis habituée à me tordre la cheville... Et j'avais pas prévu de venir ici, lui rappela-t-elle. Et je ne devais pas revenir non plus...

Mais elle avait préféré rester auprès de Noé après les révélations de Quentin. Elle ne voulait pas qu'on s'en prenne à lui. Elle savait maintenant qu'elle pouvait le protéger et ça changeait beaucoup de choses.

Noé avait furieusement envie d'embrasser cette bouche qui était si proche, de serrer Capucine contre lui à nouveau. Il pensa à son frère et à Alexis pour résister et la relâcher.

— Et tu vas repartir pour la Norvège, je sais.

Maintenant qu'il savait ce que son frère y foutait, cela valait mieux que Capucine soit avec lui.

— J'en sais rien.

Elle reprit la marche.

— Je pensais plutôt rentrer à Paris. Je ne peux pas rester auprès de Quentin trop longtemps... Je ne sers à rien en Norvège. Ici, je me dis que je peux te protéger mais... Paris c'est bien aussi.

— On va bien rentrer nous aussi un de ces quatre.

Quentin lui avait tout raconté, mais le laisserait-il sur la touche quand même maintenant ? Il n'en savait rien. Il ne voyait pas non plus comment il pourrait aider et son frère avait tout de même la sale propension à vouloir tout gérer par lui-même.

— J'ai discuté avec ta mère hier... Ça me fera bizarre de plus prendre le petit déjeuner avec vous... Ou de devoir éviter de rentrer dans la maison.

Elle soupira et lui donna sa cigarette.

— Tu peux faire disparaitre le mégot, s'il te plait.

Et pour faire bonne mesure, elle s'éloigna pour pas interférer.

Il n'aimait pas qu'elle ait à s'éloigner pour qu'il puisse faire de la magie. C'était un truc qu'il avait toujours voulu faire avec elle. Ils avaient passé tellement de temps à trafiquer et élaborer des potions ! ça n'avait jamais marché, forcément, mais ils s'étaient bien amusés.

— C'est peut-être pas plus mal que tu t'installes au loft, fit-il avec un sourire entendu en faisant disparaitre le mégot.

Mais Capucine le comprit dans le sens inverse. Elle se figea et lui demanda mal à l'aise.

— Tu préfères que je me tienne à distance de toi ?

Elle se reprit avec cet air bravache qu'elle avait quand elle se faisait jeter.

— Oh de toutes manières, je vais être très occupée. Il y a la campagne pour le parfum de Chloé et les photos en Italie... Puis mon nouveau poste à DLS. Je ne serai presque jamais là...

Il secoua la tête avec un léger sourire. Il avait marqué un point dirait-on.

— Tu es vraiment adorable quand tu t'y mets.

Il lui sourit plus franchement et continua à marcher. Ils arrivaient à la maison.

— Adorable ! Tu dis ça comme si je te disais que tu es… Mignon.

Elle suivit en soupirant.

— Tu l'étais bien plus quand tu bafouillais et rougissais. Genre ce matin, dit elle.

— Je n'ai pas rougi ! protesta-t-il.

Mais il avait bafouillé, ça, il ne pouvait le nier. Il n'était même pas sûr de ne pas recommencer, c'était ça le pire.

— Ah si tu as rougi quand j'ai parlé de me baigner toute nue, dit elle sûr d'elle.

Mais pas encore assez à son goût. Elle se donna une baffe mentale pour avoir pensé un truc pareil. On arrêtait de jouer avec le bébé de la famille !

— N'importe quoi, soupira-t-il en haussant les épaules. Je ne rougis jamais, moi. Tu as mal vu.

Si les autres s'en étaient aperçus, ce serait la honte intégrale ! Il n'avait aucune envie qu'on sache ce qu'il ressentait pour Capucine. Il voyait déjà le regard de sa mère, celui de son frère... Et puis, il ne voulait pas faire de mal à Clémentine non plus. Ah. Clémentine. Qu'est-ce qu'il allait faire maintenant ?

Elle le dépassa et se planta devant la porte d'entrée.

— Tu veux vraiment que je vérifie si j'ai mal vu ou non ? dit elle piquée dans son orgueil.

Lorsque Capucine était contrariée ou vexée, ses pommettes devenaient roses et ses yeux semblaient plus verts. Alexis se foutait toujours d'elle en disant qu'elle feulait et battait de la queue comme un chat. Sous-entendu que c'était passablement ridicule et que ça ne faisait peur qu'aux souris.

Il leva les mains en signe d'apaisement.

— Non, ça va aller, fit-il avec le sourire.

Il avait repris un peu l'avantage, il ne voulait pas le perdre à nouveau. Pas alors qu'il n'aurait pas l'occasion de remarquer un point avant un moment.

Elle le jaugea un moment et finit par se détourner.

— Bien. Je vais mettre une culotte et je vous rejoins à table.

Il pencha la tête en regardant ses fesses s'éloigner. Pour sa part, il n'aurait pas été gênée qu'elle ne remette pas de culotte et il avait plein d'idées à ce sujet. Justement un peu trop, aussi rentra-t-il dans la maison à son tour pour aller se laver les pieds et remettre des chaussures avant de redescendre à table.