Chapitre 7 - Menace nocturne

Elle ajouta un oreiller et un plaid sur le clic-clac. Elle le tira légèrement. Ainsi il était dans son champ de visions. Elle s'allongea en calant Connor contre son dos, restant ainsi sur le bord si elle avait besoin de se lever. Vu la taille de la maison, le canapé n'était qu'à trois mètres tout au plus et déplié. Elle pourrait le voir quand il viendrait s'allonger.
C'était impossible que ce soit lui derrière tout ça. Elle ignorait d'où pouvait lui venir cette certitude tout comme ce besoin viscéral de répondre à ses questions. Cela aurait vraiment dû lui faire peur et pourtant... c'était la seule chose de rassurante. A part peut être, Connor qui dormait comme un bien heureux contre elle.

Une fois sûre que Bo se soit allongée, Quentin sortit de la maison comme il put. La voiture était bel et bien encastrée dans la porte d'entrée et il dut l'escalader en faisant attention aux morceaux de verre et à la tôle tordue.
Il traça les sortilèges de protection autour de la porte et des fenêtres, puis en lança un plus large pour essayer de retrouver la trace de "Kelly".
C'est ainsi qu'il dénicha la sphère de quartz gravée qu'elle avait utilisée pour l'endormir. L'objet de pouvoir avait roulé sous sa voiture et contenait encore les traces d'une magie puissante et ancienne. Avec ça, elle aurait pu aisément le réduire en poussière, alors pourquoi s'être bornée à uniquement le plonger dans le sommeil ? Encore une interrogation à mettre dans un de ses petits dossiers, avec une étiquette rouge cette fois. La sphère, elle, finit sur le siège passager de sa voiture de location, sous sa veste. Il l'étudierait plus tard pour essayer d'en définir la provenance, si cela était possible.
Son sortilège avait également fait apparaître une piste qui commençait déjà à s'étioler. Elle suivait les mouvements de l'agresseur, passant d'abord par la porte pour ressortir par la fenêtre et finir au sol. Il pouvait revoir leur court affrontement dans le tracé chaotique de la ligne avant qu'elle ne se décide à s'éloigner dans la rue. Il n'avait pas eu le temps de créer une zone d'isolement pour y coincer la sorcière vu ce qu'elle lui avait balancé comme sortilèges avant de lui envoyer la voiture. Mais là encore, alors qu'il analysait la situation, il se rendait compte que cette femme ne l'avait pas réellement visé. La voiture n'avait été qu'une diversion pour qu'il plonge au sol et qu'elle puisse s'enfuir. Une autre étiquette rouge.
Il frotta les doigts de sa main gauche, y faisant crépiter quelques étincelles de magie, puis souffla dessus pour créer une minuscule sphère de lumière bleutée. D'un geste, il l'envoya suivre la piste, mais il n'y croyait guère. S'il n'avait pas été seul sur place, il l'aurait suivie lui-même, mais il était hors de question de laisser Bo. Plus jamais.
Il finit par bailler. Il était épuisé et les blessures qu'il avait absorbées lui faisaient un peu mal. Sa tempe, non, en revanche. Il la toucha avec prudence du bout de ses doigts et l'image de Bo nettoyant la plaie avec douceur lui revint en mémoire. Aussitôt, un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Il le réprima immédiatement. Il ne devait pas se laisser... quoi ? Attendrir ? Distraire ? Oui, distraire. Cela avait failli leur coûter cher cette nuit.
Il retourna dans la maison le plus silencieusement possible et posa une autre protection à l'intérieur avant de s'asseoir sur le clic-clac. Pour faire bonne mesure, il leva sa paume droite vers le haut et écarta les doigts, créant une nouvelle zone d'isolement qui n'engloba que l'intérieur minuscule de la maison Hallinger. Ce qu'il aurait dû faire dès le départ en réalité. Une erreur de débutant. Impardonnable.
Il cala l'oreiller derrière sa tête contre le mur, restant assis. Il n'avait aucunement l'intention de dormir ou de somnoler. Bo était sous sa garde. Il tourna la tête vers elle et Connor. Quelque chose d'inexplicable le poussait à la protéger. Peut-être était-ce l'enfant, peut-être était-ce autre chose. Ce qu'elle laissait entendre l'intriguait, ce qu'elle ne disait pas également. Il espérait qu'il réussirait à mieux comprendre tout cela une fois à Paris.