Chapitre 31 - Welcome to Corsica

Mercredi 29 Mai

Noé ressentit un intense soulagement lors qu'il sentit la terre ferme sous ses pieds et non la mer méditerranée. En regardant autour de lui, il se rendit compte qu'il devait être dans la pièce d'une maison au vu de l'obscurité. A force de tâtonnement il finit par mettre la main sur un interrupteur. Il sursauta en voyant un homme devant lui avant de rire nerveusement : c'était son reflet.
Il était dans une salle de bain assez luxueuse où les produits de beauté, le maquillage et le marbre faisaient bon ménage. Il aperçut sur le bord du lavabo un maillot de bain blanc et or.
Non seulement, il était bien en Corse sur l'île de Cavallo mais en plus il était tombé dans la bonne maison et dans la salle de bain jouxtant la chambre de Capucine. À ce stade ce n'était même plus du talent. En ouvrant doucement la porte, il aperçut la chambre. Le radio-réveil annonçait 1h34 avec ses diodes rouges et la lumière de la lune éclairait très légèrement le lit. Elle lui tournait le dos et sa peau blanche accrochait le peu de lumière. Le drap avait glissé laissant apercevoir la rondeur de ses fesses. Comme elle l'avait promis au téléphone, elle dormait bel et bien toute nue.

Non mais franchement, pouvait-on être plus doué que lui ? Noé se dit que, peut-être, il n'avait pas de sorts offensifs, mais que pour s'approprier un sortilège où il était surtout question de maths, il était quand même un vrai champion.
Il resta à la porte de la salle de bain pour admirer le corps nu de Capucine, un large sourire sur les lèvres. Ce que ça faisait du bien de la voir ! ça ne faisait pourtant que 3 jours, mais il lui avait semblé que cela faisait le double.
Il ôta ses baskets et son tshirt et la rejoignit sur le lit.

— Capucine... Je suis là... murmura-t-il en se penchant à son oreille.

Sa main s'était posée sur sa hanche pour une lente caresse et il l'embrassa sur l'épaule.

Il y eut un petit gémissement pas trop réveillé alors qu'elle continuait à lui tourner le dos. Comme il était dos à la fenêtre, il la distinguait encore moins mais il reconnut son parfum. Il était hors de prix et elle le faisait faire chez un artisan parfumeur à Paris.

Il se colla contre elle de façon plus prononcée et continua à l'embrasser remontant jusqu'à son cou, puis son oreille.

— Tu m'as tellement manqué, murmura-t-il en commençant à mordiller le lobe tout doucement.

Sa main glissa de sa hanche à ses seins.

Le sein semblait un peu moins tendu et ferme que dans son souvenir. Plus petit aussi. C'était peut être la position. Sauf que les cheveux près de son nez lui semblèrent aussi plus court et plus lisse là où ceux de Capucine avait un côté légérement ondoyant qui la faisait râler quand elle se faisait une coiffure.

— Mais...

La femme le repoussa en poussant un hurlement strident. Noé tomba par terre et sa tête cogna très légèrement la table de chevet. Il fut aussitôt ébloui par la lumière qu'alluma la femme dans le lit, l'éblouissant au passage.

Il avait poussé un "aïe" suivi d'un "merde" en se cognant. Le cri le surprit et il cligna des yeux à la lumière qui l'aveugla.

— C'est moi ! C'est moi ! fit-il en se redressant, un brin paniqué qu'elle ne réveille toute la maison.

Sauf que maintenant qu'il voyait clair, il se retrouva con et franchement paniqué : ce n'était pas Capucine.

— Oh, merde ! Pardon ! Je me suis gouré ! Je vous jure !

Capucine, en chemise de nuit, ouvrit la porte de la chambre alors qu'Anaïs s'était enroulé dans le drap et brandissait vers Noé un magazine roulé comme s'il était un moustique.

— N'approchez pas ! criait-elle d'une voix tremblante.

La jeune femme regarda la scène incrédule avant de se reprendre et de venir prendre Noé par la main, faisant baisser le magazine de l'autre.

— C'est rien, Anaïs. Calme-toi ! lui dit elle en élevant un peu la voix.

Anaïs regarda sa fille puis Noé puis sa fille sans comprendre. Mamé arriva dans son peignoir de soie. C'était aussi une belle blonde malgré son âge mais avec plus de rondeurs que les deux autres. Elle eut un immense sourire.

— Oooh c'est le petit magicien ! Mais comme il est mignon... et bien fait de sa personne, dit elle en détaillant Noé.

Capucine darda sur sa grand-mère un regard signifiant que ce n'était pas la peine d'en rajouter une couche.

— C'est rien Robert ! Ne ramène pas la carabine c'est l'amant de Capucine qui s'est trompé de lit ! cria-t-elle vers le couloir.

Le visage de Noé hésitait entre le rouge et le blanc alors qu'il se rendait compte de l'horreur de la situation : il avait peloté la mère de Capucine ! Et toute la maison était au courant ! S'il avait eu connaissance d'un sortilège pour disparaître ou se faire tout petit, il l'aurait fait immédiatement.

— Je... Je suis désolé... Je me suis planté... Désolé...

Il ne savait plus où se mettre. C'était la honte totale !

— Que tout le monde aille se recoucher, soupira Capucine en tirant Noé par la main.

Quand ils passèrent devant Mamé puis Robert dans le couloir qui était un soixantenaire fringuant mais mal réveillé, la grand-mère lança :

— On pourrait prendre un café maintenant qu'on est tous réveillé ?
— Demain matin, Mamé, répondit Capucine sans s'arrêter.

Elle sentait bien que Noé n'avait pas besoin d'un interrogatoire en règle en plus du reste. Elle l'emmena au bout du couloir et le fit entrer avant de refermer la porte. Elle le regarda et sentit un léger fou-rire la démanger.

Noé la regarda d'un air catastrophé.

— C'est pas drôle, c'est vraiment pas drôle, fit-il en voyant l'éclat dans son regard.

Il aurait pourtant trouvé ça hilarant si c'était arrivé à un autre que lui.

— J'ai peloté ta mère ! Tu te rends compte ?

Ces simples mots la firent éclater de rire et elle se serra contre lui, cachant son visage dans son cou.
Anaïs Duchelle allait peut être enfin sortir de sa léthargie. L'idée que sa mère puisse enfin réagir à quelque chose parce qu'elle s'était fait peloté par un beau jeune homme était irrésistible.

— Mais non ! C'est pas drôle ! répéta-t-il.

Mais le fou rire de Capucine fut plus contagieux qu'il l'aurait cru.

— J'aurai pu être à poil en plus ! fit-il, moitié riant, moitié contrit.

Elle se mit à rire de plus belle, s'accrochant à lui plus fort. Il fallait toujours que Noé amène de la joie et de l'inattendu dans sa vie. Elle eut presque envie de le faire venir dînez chez elle à Noël prochain rien que pour voir comment il arriverait à modifier l'ambiance moribonde.

Il referma ses bras sur elle. Au moins, il la faisait rire, c'était déjà ça.

— Jamais j'oserai la regarder en face. Jamais.

Cette fois, il se laissa aller à rire plus franchement.

Elle écarta son visage pour le regarder.

— Peut être que tu viens de lui sauver la vie. C'est la première fois que je la vois avoir une réaction depuis que sa dernière TS...

Elle lui adressa un sourire.

— Je suis juste un peu vexée que tu ais pu me confondre avec ma mère...

— Boarf... Dans le noir... et elle était de dos, hein... et vous avez le même parfum et...

Il s'était bien rendu compte d'un truc quand il avait eu son sein en main. A cette idée, il rougit de plus belle et détourna les yeux.

— Là je suis jalouse... Tu rougis en pensant à ma mère et pas à moi ! dit elle en s'écartant de lui mais avec un large sourire.

— Mais nan ! Mais...

Il soupira, lui rendant son sourire. Il préférait se taire, il ne faisait que s'enfoncer d'avantage et il bafouillait.

— Cherche pas... Je suis jalouse, dit elle en croisant les bras.

Elle le regarda avec attention. Elle ne savait pas s'il continuait de grandir, de changer ou si c'était sa manière de le voir qui avait changé.

Il la regarda en secouant la tête de l'air de dire qu'elle n'avait aucune pitié.

— C'est vrai ? T'as pas de raison pourtant. C'était ta mère !

Il n'allait vraiment pas s'en remettre.

— Elle te fait rougir et bafouiller... Ce que je n'arrive plus à faire.

C'était tellement dommage. Elle alla fermer la fenêtre de sa chambre.
La chambre n'était pas très grande. Le lit prenait une grande place et un coin banquette l'autre. En face se trouvait une baie vitrée donnant sur la terrasse et on pouvait descendre directement sur la plage par les rochers.



Elle s'assit sur le lit en le regardant.

— Au moins tu ne m'as pas fait un petit frère...

— Ah ! Non ! Arrête !

Il s'avança vers elle. Il était toujours un peu gêné de ce qui s'était passé, mais son regard trahissait sans peine combien il était heureux de la voir.

— Je me serai arrêté avant quand même, dit-il avec un sourire.

— Vraiment ? J'avais l'impression que tu hésitais à retourner dans la chambre de ma mère plutôt qu'à venir me dire bonjour...

— Mais non !

Il soupira, mais il conserva son sourire, se rapprochant plus près encore.

— Mais si ça te rend vraiment jalouse...

Son sourire se fit plus malicieux et il se pencha pour l'embrasser.

Elle l'attira pour qu'il vienne s'allonger sur elle sans cesser de l'embrasser.

— Si ça me rend vraiment jalouse, tu repars là bas ? Demanda-t-elle en écartant ses lèvres pour le regarder.