Chapitre 32 - Le créateur

— Allo ? dit la voix de Capucine ensommeillée.

Elle venait juste de sombrer quand son portable avait sonné près de sa tête.

— Désolé, je te réveille, fit-il avec soulagement. Je...

Il hésita.

— Je me suis engueulé avec Miu. Je voulais juste être sûr que tu allais bien.

— Je... Ben oui... C'est pas dans son intérêt...

Elle s'assit dans son lit et demanda d'une voix claire :

— Comment t'as fait pour t'engueuler avec elle ?

— Elle était contrariée parce que j'ai passé la journée avec toi. Peut-être aussi parce que j'ai passé du temps avec Quentin ensuite et elle m'a reproché de pas faire gaffe à ses sentiments.

Il raconta la suite.

— Et maintenant, je t'inquiète pour rien... J'aurai pas dû t'appeler.

Il entendit Capucine s'allumer une cigarette.

— Laisse-la décolérer tout simplement. Et si tu veux désamorcer la situation, excuse-toi. Évite juste de lui rappeler qu'elle est ta chose. Elle est très susceptible quand on lui signifie qu'elle est un démon asservi par un humain. Elle est sûrement aussi en manque de sang. Eric lui en donnait tous les jours quand c'était lui son maitre.

— Je suis vraiment mauvais... Je fais qu'empirer les choses à chaque fois.

Mais il n'avait jamais eu affaire à une démone avant, et il ne s'était jamais vraiment engueulé avec une fille non plus. Il y avait bien eu la dispute avec Clem en Bretagne, mais cela n'avait rien à voir et, au fond de lui, il n'avait pas été mécontent que cela arrive.

— Ce n'est pas grave, Noé. Il n'y a rien de mal ou de tragique à se disputer avec quelqu'un. Même si, je t'accorde qu'il n'est pas plus mal de ménager la susceptibilité d'un démon.

Comment lui dire qu'il avait vraiment la trouille que ses cauchemars deviennent réalité ? Qu'elle meurt à cause de lui ? Que Miu la tue devant lui sans qu'il puisse rien y faire ?

— Tu as raison. Désolé de t'avoir dérangé.

Il ne se comportait vraiment pas en adulte ainsi, il s'en rendait compte.

— Tu ne me déranges jamais, Noé, dit elle doucement.

Il se sentit sourire légèrement en l'entendant dire cela.

— Allez, je vais te laisser dormir.

Il préférerait être à ses côtés, mais cela n'aurait pas été raisonnable. Il était fatigué de toute façon et les portails demandaient de la magie. Il ne fallait pas qu'il en abuse.

— Bonne nuit.

— Bonne nuit, Noé. Fais de beaux rêves, lui souhaita-t-elle doucement.

Elle coupa la communication.

Il régla le réveil pour 8h30, se débarrassa de ses fringues et se jeta sur le lit.

— Je suis désolé, Miu. J'aurai pas du dire ça, fit-il une fois dans le noir.

Elle ne réapparut pas mais il sentit comme une réponse qu'elle était d'accord avec lui sur ce point.

Elle n'était donc pas si loin, c'était au moins ça. Il ferma les yeux, une main sur son ventre, l'autre sous sa tête.

— Demain, on pourrait faire un truc tous les deux. Bonne nuit, Miu.