Chapitre 32 - Le créateur

— Des galons... Mon arrière-grand-mère Lafey en tissait autrefois. Elle y incorporait des sortilèges pour la bonne santé, la chance, la fécondité...

Elle sourit à Thanaclop.

— Ce doit être merveilleux de créer quelque chose d'artistique de ses mains.

Enfant, on lui avait appris à coudre et tricoter, mais elle n'en avait plus fait depuis des années. Ses seules créations restaient ses potions.

— C'est très agréable. Vous n'en faites jamais ? L'hiver dernier je me suis tricoté des chaussettes jacquard avec des motifs nordiques. Je peine à trouver des chaussettes confortables à ma taille...Alors jolies et chaudes en plus...

Il lui sourit.

— Je pourrais vous en faire si vous voulez.

— Ce serait avec plaisir. Plus les années passent et plus j'ai froid aux pieds l'hiver, fit Gwen en retournant à sa sauce tomate.

Quentin se dit que Thanaclop maniant les aiguilles à tricoter devait être un spectacle aussi surprenant que lui en train de cultiver des tomates.

Ils dinèrent dans une ambiance agréable même s'il y eut une petite dispute entre Miu et Dimitri quand elle se jeta sur la dernière tomate farcie en grognant littéralement.
Ils en étaient à prendre un café ou un digestif sur la terrasse lorsque Noé revint de son escapade.

Le jeune homme avait atterri dans sa chambre. Refermer le portail et laisser Capucine avait été difficile après la merveilleuse journée qu'il avait passée, mais il s'était rarement senti aussi bien malgré tout. Il était plein d'énergie malgré sa courte nuit et c'est avec le sourire qu'il débarqua sur la terrasse.

— Salut, Maman, l'embrassa-t-il rapidement. Salut tout le monde. Désolé d'avoir manqué le dîner.
— Noé-chou ! Tu as pris des couleurs, fit-elle en l'observant.

Gwen fut soulagée de voir enfin son petit dernier de retour. Elle ne pensait pas qu'il risque grand-chose avec Capucine, mais depuis l'autre nuit, elle préférait l'avoir sous les yeux ou le savoir à portée de main.

— Comment va Capucine ?
— ça va mieux, notre petit tour à Bonifacio lui a fait du bien, répondit-il en allant embrasser Bo.
— Et sa mère ?
— Oh, euh... Je crois que ça va. Je l'ai à peine vue, fit-il en priant pour qu'Anaïs ne raconte jamais son honteuse méprise.

Il préféra se pencher vers la boite de chocolats pour en prendre deux.

— Et vous ? ça a été ?

Il s'assit à côté de Miu et lui sourit. Il n'avait pratiquement pas pensé à elle de la journée et maintenant qu'elle était là, devant lui, il s'en voulait un peu de l'avoir laissée toute la journée toute seule ici. Pourtant, il ne regrettait rien.

— Désolé d'avoir été si long. Tu t'es pas trop ennuyée ?

Miu lui adressa un regard contrarié.

— On va en discuter tout à l'heure. Dans ta chambre.

Dimitri émit un son signifiant qu'il allait passer un sale quart d'heure.

— T'as fait quoi en Corse ? Demanda Bo.

Noé avait légèrement soupiré en réponse à Miu, faisant une moue embêtée, mais retrouva son sourire en se tournant vers Bo.

— D'abord la plage, ensuite on a pris le bateau pour aller déjeuner à Bonifacio, on a visité et on est rentré.

Et ils avaient fait l'amour encore et encore et rien qu'à cette idée, son sourire se fit légèrement différent.
Avant de se faire griller par quelqu'un d'autre que Dimitri, il se tourna vers son frère qui n'avait encore rien dit.

— Tu devrais y emmener Bo. Vous pourriez même avoir une baraque à Cavallo avec une plage privée. L'eau est super bleue et y a des rochers partout : le pied pour vous deux.
— Et tu étais obligé de disparaître au milieu de la nuit pour ça ?
— Commence pas, ok ? Tu étais au courant que je bossais sur la porte et je t'ai dit où j'étais. En plus, je suis sûr qu'Ahmed a collé un traceur sur mon téléphone ou mes godasses... C'est pas comme si j'avais fait le mur. Et puis, va pas me dire que si Bo ou de tes potes avait besoin de toi au milieu de la nuit, tu n'irais pas.

Noé n'avait aucune envie que la réprobation de Quentin entache sa bonne humeur. Il s'était préparé à se faire remonter les bretelles, mais n'avait pas pour autant l'intention de se laisser faire.

— Je choisirais pas tes godasses, t'arrêtes pas d'en changer, dit Bo.

Dimitri sourit à Noé.

— Et tu penses qu'elle aura de nouveau besoin de toi... Un de ces soirs ? Je veux bien venir avec toi juste pour profiter de la plage...

Noé rendit son sourire à Dimitri.

— Ouais, je t'emmènerai. Tu trouverais à t'éclater, je suis sûr.

— Alors ça marche.

Bo regarda Noé.

— Avant d'aller te faire engueuler par Miu tu devrais aller faire un tour avec Quentin pour qu'il te raconte notre entrevue avec Apoh.

— Et à partir de demain, tu te plonges dans tes cours, ajouta Gwen.

Noé se leva et regarda son frère. Peut-être pourrait-il en profiter pour lui parler de Miu ?

— Ok. Mais t'en profites pas pour m'engueuler.
— On verra ça, répondit l'aîné en se levant à son tour.

Quentin vola un baiser à Bo, puis les deux frères s'éloignèrent dans le jardin. Un drone passa au-dessus d'eux tranquillement, faisant sa ronde nocturne alors que Noé écoutait son aîné lui parler d'Apoh.


« — Tu ne te souviendras de rien, mais il faut que je te cause de Miu, de ce qu’elle est vraiment. »

Une fois qu’il avait commencé à parler, Noé avait tout lâché et Quentin avait écouté son frère en silence, observant avec attention la moindre de ses expressions, le moindre de ses gestes alors qu’il lui disait la vérité sur Miu. Il avait senti la tension de son cadet lorsqu’il lui avait dit comment il l’avait délivrée de sa prison au mépris de toute prudence. Il avait constaté sa nervosité à sa façon de jouer avec ses doigts en lui expliquant ce dont elle était capable, ce qu’elle avait fait pour Eric et Alexis. Il avait vu combien il était mal à l’idée de la voir jouer avec leur mémoire à tous. Il avait vu tout cela et plus encore alors que Noé continuait à tout déballer : le sang qu’il devrait donner à Miu pour qu’elle puisse aller chercher l’artefact pour les Lumières et qui lui donnerait plus d’influence sur lui ; le fait que Capucine avait enfermé la démone une fois pour sauver Eric et ce qu’il lui avait fait en retour ; les plans de la jeune femme pour se débarrasser d’elle définitivement ; ce qu’il s’était passé après l’attaque et sa responsabilité dans la mort de ce prêtre ; et cette dualité dans ses sentiments qui compliquait affreusement les choses, qui lui faisait craindre le pire pour le jour où Capucine trouverait un moyen de tuer Miu.
Le silence finit par se réinstaller et Noé jeta un œil à Quentin, assis sur l’herbe à côté de lui. Un peu plus tôt, quand son frère avait évoqué Apoh et leur entretien, Quentin l’avait fait avec son détachement habituel. C’était comme lorsque Noé l’appelait Terminator ou lui envoyait des saloperies pour le provoquer, ou encore quand Sophie le traitait plus bas que terre sous un prétexte ou un autre : tout ce qui le concernait glissait sur lui comme si cela ne l’atteignait pas. Noé n’en était cependant plus aussi certain depuis qu’il avait lu le journal d’Eric. Il pensait plus que Quentin enfouissait cela quelque part en lui pour que cela ne le blesse pas. Seulement, là, c’était différent. A sa mâchoire contractée et au froncement de ses sourcils, c’était comme lorsqu’il parlait du sursis de Bo ou des menaces que Gauthier faisait peser sur eux. Cela le touchait parce que cela concernait ceux à qui il tenait et son côté protecteur refaisait surface.
Noé se passa les deux mains sur le crâne, les laissant sur sa nuque, et soupira.

— Tu peux rien contre elle, fit-il avant que Quentin ne dise quoi que ce soit. Te prends pas la tête avec ça. Elle n’aura qu’à ouvrir la bouche pour que tu crois ce qu’elle te dit. Même si elle entend pas ce que je te raconte maintenant, elle va se douter de quelque chose ou elle lira en moi et te fera oublier. J’ai pas besoin que t’ailles lui sauter dessus.
— Je sais.

Quentin hésita, puis posa sa main sur l’épaule de Noé qui ne s’était pas attendu à ce genre de gestes de sa part. S’il ne pouvait pas rompre le lien entre son petit frère et la démone, s’il ne pouvait rien contre ses pouvoirs, il pouvait au moins être là et écouter Noé.

— Et vas pas me dire que tu trouveras un autre moyen pour les Lumières. Je te les ramènerais.
— Noé…
— On n’a pas d’autre solution pour sauver Bo, tu le sais. Je reculerais pas. J’attends pas un miracle, j’avais juste besoin de t’en parler parce que… j’ai la trouille, tu vois ? J’ai cet attachement pour Miu, ce truc qui me dit qu’elle est ma meilleure amie, ma plus grande alliée, qu’avec elle, je ne serai plus jamais seul. Je le sens au plus profond de moi et je veux pas qu’on lui fasse du mal, je veux pas qu’elle disparaisse ou qu’on me la vole. L’idée qu’on la tue, c’est comme si on me disait qu’on va te tuer ou tuer Maman. C’est juste pas possible à accepter. Et pourtant, je sais que c’est faux, que c’est ce lien magique qui me fait ressentir ça et qu’il faut que ça s’arrête même si c’est hyper douloureux.

Noé soupira encore une fois. Il aurait bien fumé une clope, mais il n’en avait pas sur lui.

— Quand je suis avec Capucine, tout est plus clair, plus facile, finit-il par avouer à voix basse, fixant sans vraiment la voir l’herbe devant lui. Je crois que sa malédiction atténue le lien avec Miu.

Peut-être que ses sentiments pour Capucine jouaient également. Lorsqu’il était avec elle, plus rien d’autre ne comptait vraiment, mais évidemment, il ne pouvait pas dire cela à Quentin. Noé le regrettait un peu malgré tout. Il aurait voulu parler avec son frère de ce qu’il ressentait pour la jeune femme, lui dire combien il était heureux et amoureux, mais il craignait aussi sa réaction. C’était bien trop délicat.

— C’est pour ça que j’ai tardé à rentrer… Enfin, vas pas dire ça à Capucine, elle m’arracherait les yeux, fit-il avec un sourire tendre qu’il effaça aussitôt. Disons que ça faisait partie de mes raisons… Aujourd’hui, j’ai pratiquement pas pensé à Miu, je me sentais comme avant… Et là, je sais qu’elle m’en veut, qu’on va sûrement se prendre la tête et qu’au final, je m’en voudrais de lui avoir fait de la peine.

Il regarda le tatouage du sablier à son poignet.

— J’ai aimé sentir la magie de Miu résonner avec la mienne, tu sais. C’était tellement naturel et ça me donnait l’impression d’être capable de tout. Et puis, quand elle me dit qu’elle me donnera tous les pouvoirs que je veux, j’ai envie de céder, de lui donner mon sang en échange pour être plus puissant, pour ne plus être inutile comme l’autre soir…
— Je comprends ça.
— Toi ? T’es un grand sorcier et ta magie…
— Toute ma magie, tout ce que j’ai appris ne m’aide pas à sauver Bo ou à vous protéger, répondit Quentin avec une légère amertume dans la voix.
— Mais tu as combattu cette créature d’ombre.
— Elle a joué avec moi, elle m’a coincée dans ma propre zone. Je n’ai jamais été vraiment un obstacle pour elle. Si Nhill n’était pas arrivé, on serait tous morts à l’heure qu’il est, et à chaque fois, c’est pareil.

Depuis le début, Quentin n’avait rien pu faire : il n’était pas là quand le golem avait attaqué Bo, il s’était fait surprendre comme un débutant quand Lexie avait pris l’apparence de Kelly, il n’avait rien vu concernant Gauthier ou Olivier, ses protections n’avaient servi à rien contre la créature d’ombre pas plus que ses pouvoirs… et il était incapable d’empêcher les Lumières de tuer la femme qu’il aimait. Quentin écarta le sujet d’un geste de la main.

— Ce que je veux dire, c’est qu’il est naturel de vouloir protéger les gens que tu aimes et de vouloir plus de pouvoir pour ça. Tu n’as pas à culpabiliser. Encore plus alors que Miu joue là-dessus.

Quentin resta silencieux un instant. S’il s’était s’agit d’un autre que Noé, il aurait sans doute considéré la question d’utiliser Miu à leurs fins, plus qu’en lui demandant cet artefact en tous cas. D’un autre côté, il ne pouvait pas lui demander de résister coûte que coûte, cela serait mettre encore plus de pression sur ses épaules et amènerait certainement à une catastrophe.

— Peut-être qu’il faut qu’on accepte ne pas avoir de prise sur tout, reprit-il finalement.
— C’est toi qui dis ça ?
— Si on est objectif, et même si c’est très frustrant, je ne peux pas rien faire pour les Lumières en Bo et tu ne peux rien faire contre ce qui te lie à Miu. Tu ne peux pas t’en défaire, je ne peux pas non plus t’aider et plus tu feras appel à elle, plus elle sera influente.
— Dis comme ça, c’est vraiment pas rassurant.
— Non, je sais, mais nous ne sommes pas seuls. Tu m’as dit que Capucine et Thana sont les seuls insensibles à son pouvoir, alors je crois qu’on n’a pas d’autre choix que de se reposer sur eux.

Quentin comprenait mieux maintenant pourquoi Thana avait décidé de rester avec eux et pourquoi il avait ce regard assassin quand Miu apparaissait. Cela le rassurait de savoir que même si lui oubliait tout cela, le démon veillait sur eux.
Quant à Capucine, elle avait déjà certainement un plan pour se débarrasser de Miu et ce qui était arrivé au Prêtre Rouge n’était sans doute qu’un contretemps.

— Tu sais ce qu’elle dira quand je vais lui répéter ça ? s’amusa Noé.
— Elle ne te croira jamais.
— Est-ce que… tu la détestes toujours autant ?
— Je ne l’ai jamais détestée. Ce n’était pas ça… Mais je me suis trompé sur elle, je le reconnais. Je ne dis pas que nous serons les meilleurs amis du monde, mais je sais qu’elle est de notre côté et qu’elle fera tout pour te sortir de là.
— Là, c’est sûr qu’elle me dira que j’ai tout inventé.

Quentin esquissa un léger sourire à cette remarque. Il reprit son sérieux alors qu’il tournait la tête vers son frère.

— Suis ton instinct. Essaye de te raccrocher à l’idée qu’elle reste dangereuse et qu’elle veut tuer Capucine. Et n’oublie pas que tu es son maître et pas l’inverse.

Cela serait sans doute le plus difficile pour Noé. Il devait voir Miu comme une amie, pas comme un démon à son service, et elle comptait certainement là-dessus pour augmenter son influence sur lui autant que sur le fait qu’il tenait à être capable de se protéger et de protéger les autres des créatures de Gauthier.

— N’hésites pas à revenir me parler, Noé, même si ça veut dire tout répéter, ajouta-t-il.
— T’as déjà tellement de trucs à penser que je vais pas prendre le risque de faire surchauffer ton cerveau, répondit Noé en se levant et en s’étirant.

Il sourit à Quentin, reconnaissant de cette conversation, et lui tendit son poing fermé.

— Tes priorités, c’est Bo et cet enfoiré de Gauthier. Moi… Je vais gérer comme je peux, t’en fais pas. Capucine veille sur moi et puis, je suis le meilleur, oublie pas.
— Comment je le pourrais ? Tu le rappelles en permanence, répondit Quentin en collant son poing fermé contre celui de son frère.

Ils échangèrent un dernier sourire, comme si cette conversation n’avait pas eu une portée aussi dramatique que l’était la situation. Puis, Noé retourna vers la maison, pianotant un message pour souhaiter bonne nuit à Capucine. De son côté, Quentin resta assis dans l’herbe, suivant son frère du regard avant d’écrire à son tour à la jeune femme.

« Bonsoir, Capucine.
Noé m’a tout raconté au sujet de Miu. Demain matin, j’aurai sûrement tout oublié malheureusement, mais je pense que cela lui a fait du bien de verbaliser certaines choses à défaut de trouver une solution. Comme tu dois t’en douter, c’est très frustrant pour moi de ne pas pouvoir l’aider, mais je sais que je peux compter sur toi et Thana pour le faire. Il n’est pas seul, c’est rassurant. Je sais que tu ne le fais pas pour ça, mais je te le revaudrais.
J’espère que nous n’en viendrons pas à nous affronter à cause d’elle, et si cela arrive, j’en suis navré d’avance.
Merci de veiller sur Noé comme tu le fais toujours.
Sois prudente surtout. »

Une fois le message envoyé, il en enregistra un à sa propre intention, reprenant les points importants soulevés par Noé, et le transféra sur le serveur de DLS, dans ses dossiers privés. Il se décida enfin à rentrer. Il avait besoin de retrouver Bo.


Deux heures avaient presque passé entre leur départ de la terrasse et le retour de Noé à sa chambre. Avant d'entrer, il jeta un oeil aux photos prises cet après-midi pour se donner du courage, puis il rejoignit Miu.

Miu était allongée sur son lit et fixait le plafond. Une fois de plus, elle était passée en dernière. Après Capucine, après Quentin. Les choses ne se seraient jamais passées ainsi avec Eric. Elle sentait sa colère croitre devant si peu de considération.

Noé s'assit sur le lit à côté d'elle et la regarda.

— Je ne pensais pas que ça prendrait autant de temps. Désolé.

Elle le regarda.

— Je ne pense pas que tu as besoin de moi. Tu ne penses jamais à ce que je peux ressentir. Il vaut mieux que tu trouves mon nom et que tu me libères, dit elle vivement.

Noé sentit son estomac se serrer à l'idée qu'elle soit libre, autant parce qu'il n'avait aucune envie qu'elle le quitte que parce qu'elle tuerait Capucine le jour où cela arriverait.

— Dis pas ça.

— Ah oui ? Je te rappelle que je vous ai tous sauvé la vie, que je t'ai trouvé des objets et que je t'ai même offert un moyen de communiquer avec ton frère... Et toi tu as fait quoi pour moi ? s'emporta-t-elle.

— N'inverse pas les rôles. Me défendre et ramener ce que je te demande, c'est le contrat, ok ? Je sais que je t'ai laissée ici toute la journée, mais je suis rentré maintenant. Et c'est pas comme si tu avais été toute seule non plus.

— Ah oui ? Vraiment ? Tu le prends comme ça ? Tu restes sur ce que ce pouvoir t'apporte et pas sur ce que tu me dois en échange ? Demanda Miu en se levant.

Elle croisa les bras.

— Et bien demmerde-toi. On verra comment tu te débrouilles sans moi et sache que je ne reviendrais que si ta vie est menacée... Celle des autres, je ne m'en occupe plus !

Elle disparut.

— Miu ! Le prends pas comme ça !

Il se leva dans un soupir. Le lien lui faisait craindre qu'elle ait vraiment disparu et ne réapparaisse jamais.

— Allez, reviens ! Miu ! On peut discuter, non ?

Elle l'entendait probablement mais elle ne revint pas. Le laissant terriblement seul après sa journée avec Capucine. Il reçut d'ailleurs un sms de sa part lui souhaitant une bonne nuit et le remerciant pour cette belle journée.

Noé se laissa tomber sur le lit, fixant son téléphone, le coeur serré. Il n'avait pas voulu que les choses se passent ainsi avec Miu. Il fit défiler les photos de lui et Capucine. Elle lui manquait déjà énormément. Miu aussi.

— Je peux retourner en Corse, tu sais ? C'est pas compliqué, fit-il à voix haute.

Visiblement le chantage ne fonctionnait pas plus. Peut être parce que Miu pouvait s'y rendre aussi. Peut être même qu'elle y était déjà.

Le doute s'insinua en lui en même temps que l'angoisse.

— T'es pas là-bas, hein ? Miu ! Allez, reviens.

Il ne fallait pas qu'il cède à la crainte comme l'autre nuit. C'était comme ça qu'il faisait des conneries.

- Si tu reviens pas tout de suite, tu pourras te brosser pour avoir mon sang avant de tomber en morceaux.

Miu ne revint pas. Comme elle lui avait dit un peu plus tôt, elle était hermétique au chantage.

— Tu fais chier ! Qu'est-ce que tu veux à la fin ?

Il n'était toujours pas sûr qu'elle ne soit pas partie en Corse. Il essaya d'appeler Capucine.