Chapitre 27 - Noé

— Est-ce que c'est comme aux archives ?

Elle était assez curieuse de ce qu'il pouvait ressentir. Est-ce qu'elle le privait de quelque chose ? Est-ce que juste ça ne fonctionnait pas mais qu'il sentait la magie partir de lui... pour ne jamais arriver ?

— Non. Là-bas, je ne sentais plus du tout ma magie comme... un peu comme si on m'avait coupé un bras, tu vois. Elle n'était plus là. A la place, j'avais du vide.

A sa voix, cela n'avait pas été une expérience plaisante.

— Avec toi, elle est là, mais c'est comme si j'essayais d'allumer une allumette mouillée. L'étincelle prend pas.

— C'est donc vraiment comme si je rendais les hommes impuissants.

Elle ne savait pas si c'était un grand pouvoir ou un fait un peu déprimant tout de même.

— Alors, ça, vraiment pas, s'amusa-t-il.

Il reprit son sérieux.

— C'est pas un drame, tu sais, si ça te protège des sortilèges. Il faut juste qu'on détermine sur quel rayon ton pouvoir fonctionne. Regarde, j'ai réussi à réparer ta fenêtre l'autre fois quand tu étais dans la salle de bain. Bon, pas aussi bien qu'ailleurs, c'est sûr...

— Tu parles de la fois où tu m'as fais des chatouilles alors que j'étais entièrement nue sous mon peignoir... De cette époque où ça ne te faisais rien ? dit elle en riant.

— Je ne dirais pas que ça ne me faisait rien, reconnut-il. Tu étais toute nue quand je suis entré, rappelle-toi.

— C'est vrai. Je me suis souvent retrouvée très peu habillée devant toi.

Elle se redressa et éteignit la bougie avant de se rallonger dans ses bras.

— Heureusement qu'à cette époque je ne soupçonnais pas que tu saches si bien embrassé... Je regrette juste que tu ne rougisses plus et surtout que tu ne bafouilles plus. Ça c'était vraiment très excitant. Enfin pas autant que quand tu te fâches...

— Sérieux ? J'ai pas tant bafouillé que ça.

Mais il se souvenait très bien que si et que cela l'avait autant agacé que consterné.

— J'osais pas croire que tu puisses... Faut dire que passer du fantasme à la réalité avec toi, j'avais fait qu'en rêver.

— Alors que moi j'avais jamais fantasmé sur toi, dit elle en riant.

Elle l'embrassa dans le cou avec lenteur.

— Je vais y travailler à partir de maintenant. Dormons un peu. Cette fois c'est moi qui te réveillerait...

Noé souriait, heureux à la fois de l'entendre rire et de savoir que désormais, il allait occuper ses pensées et ses fantasmes.
Il la garda dans ses bras autant qu'elle le lui permit et ferma les yeux. Il aurait voulu que ces instants ne se terminent jamais, qu'elle ne le quitte pas. Au moins pourrait-il la rejoindre en Corse. Il faudrait qu'il se mette aux calculs le plus rapidement possible.