Chapitre 27 - Noé

Noé se disait toujours qu'il devait y avoir quelque chose de magique dans sa façon de prononcer son prénom pour que cela l'enflamme autant à chaque fois. D'une main, il caressait sa cuisse autant qu'il la maintenait haut sur sa hanche alors qu'il recommençait à bouger en elle lentement pour prolonger le moment le plus possible. L'autre s'était perdue dans ses cheveux, ses doigts glissant vers sa nuque. Son souffle court faisait écho à celui de Capucine. Leurs lèvres se frôlaient sans s'embrasser et il murmura le prénom de la jeune femme à son tour.
Noé alterna le rythme de ses mouvements de bassin, parfois lents, parfois plus rapides. C'était autant une torture pour lui que pour elle, mais elle était aussi délicieuse que d'observer sur son visage ce qu'elle ressentait. La voir et l'entendre prendre du plaisir grâce à lui augmentait le sien, et caressait un peu son égo dans le sens du poil il fallait bien l'avouer. Il finit par attraper sa bouche de la sienne dans un baiser plus rude, signe qu'il n'était plus loin de céder.

Elle céda juste après lui, le serrant fort contre elle alors qu'il entendait son gémissement de plaisir faiblir. Elle nicha son visage contre son cou, son souffle le chatouillant légèrement.

— ça ne devrait pas être si fort... Si bien à chaque fois.

Il défiait toutes les statistiques qu'elle avait pu établir ces dernières années.

Il resta comme ça, accroché à elle, reprenant son souffle.

— Ah bon ?

Noé n'avait pas tellement d'éléments de comparaison. Tout ce qu'il savait, c'était qu'avec Capucine, c'était bien meilleur que ce qu'il avait expérimenté avant.

Elle esquissa un sourire.

— Ça fait mec un peu blasé, ça...

Elle respira son odeur. Elle ne s'en lassait pas non plus. Si c'était agréable pour elle après des histoires assez anodines, elle se demanda si cela serait frustrant pour lui. De coucher avec d'autres filles durant des soirées étudiantes et de trouver ça... banal. Mécanique. Qu'est-ce qu'il en penserait ? Peut être qu'il serait moins exigeant qu'elle mais... Peut être qu'ils se condamnaient l'un à l'autre à se sauter dessus même si la vie les séparait...

Il avait ri doucement à sa remarque.

— Non, c'était une vraie question.

Elle tendit la main pour éteindre la lumière. Rester ainsi contre lui dans l'obscurité comme s'il n'y avait plus que lui, c'était agréable. Presque rassurant.

— Tu le verras bien par toi-même... Peut être que toi tu trouveras toujours ça bien. Mais... J'ai dû coucher avec une quinzaine de mecs différents...

Peut être un peu plus si elle comptait quelques dérives de soirées arrosées.

— Et c'était pas comme ça. Ça pouvait être assez chaud ou sympa mais... Il n'y avait pas ce truc un peu... électrique.

Elle ne savait pas trop comment le définir.

Une quinzaine. Ça faisait beaucoup de comparaisons possibles, ça. Mais ce qu'elle dit ensuite lui fit presque oublier. C'était hyper plaisant et gratifiant de savoir que ce qu'ils partageaient était différent d'avec les autres.

— C'était comme ça avec personne pour moi non plus, mais ça, tu dois t'en douter.

Elle sourit et embrassa doucement sa peau.

— Ça le sera peut être plus tard puisque tu vas devenir un expert.

Mais elle savait aussi que la technique ne faisait pas tout.

— Un expert... Si c'est avec toi, ça me va très bien.

Il soupira de plaisir en la serrant un peu plus contre lui.

— C'est ce qu'il y a de plus ingrats dans notre différence d'âge, murmura-t-elle en souriant. Tout ce que tu apprends avec moi te servira à être l'homme idéale d'une jeunette qui rentrera dans du 34 quand moi je serai passée au 38.

Ce qui dans la bouche de Capucine sonnait comme quelque chose avoisinant le double.

— Je veux pas d'une fille de mon âge.

Il revint l'embrasser doucement sur les lèvres.

— Je te veux, toi.

Elle caressa longuement son dos. Elle voulait bien le croire à cet instant. Comment aurait il pu en être autrement alors qu'ils étaient si bien ?

— Il y aura toujours quelque chose entre toi et moi. Quoiqu'il advienne dans le futur, murmura-t-elle. Je serai toujours là pour toi.

Noé aurait voulu lui dire la même chose. Il voulait sincèrement être là pour elle quoi qu'il advienne, mais il se souvint de Miu et ce qui allait arriver.

— J'ai tellement de chance de te connaître, Capucine.

Il se promit de se faire pardonner les difficultés qu'elle allait connaître à cause de lui, de les lui faire oublier.

Elle se mit à rire doucement.

— Tu dis des bêtises...

— Absolument pas.

Il l'embrassa encore, plus longuement cette fois.

— Tu es la femme la plus merveilleuse que je connaisse.

Elle l'embrassa à son tour plus longuement.

— Ça c’est uniquement parce que je suis la seule femme que tu connaisses en dehors de ta mère et de celle de Chris.

Elle se dégagea doucement pour se lever. Elle alla dans la salle de bain et revint quelques minutes plus tard.

— T'as pas des cigarettes ? demanda-t-elle en se recouchant.

Mais peut être que Gwen n’apprécierait pas non plus qu'elle fume des clopes avec Noé dans sa chambre. Cela dit qu'elle les fume après avoir couché avec lui, n'était guère mieux...

Noé alla fouiller dans un tiroir pour en sortir un paquet de clopes entamé. Contrairement à ce que sa mère pensait, il ne fumait qu'en soirée, que ce soit les cigarettes ou les joints. Avant de revenir s'asseoir sur le lit, le dos contre le mur, il alluma une bougie pour masquer l'odeur et attrapa une coupelle pouvant faire office de cendrier.
Il donna une cigarette à Capucine et s'en alluma une ensuite. Sa main libre revint chercher la peau de la jeune femme. Il était incapable de ne pas la toucher alors qu'elle était à sa portée.

Elle posa sa main sur la sienne et fuma sa cigarette en silence. Elle se sentait bien ainsi. Elle tourna son visage vers le sien.

- je vais mettre mon réveil pour descendre dans ma chambre à 5h.

Normalement à cette heure un dimanche, elle ne devrait croiser personne.

Il écrasa sa cigarette dans le cendrier.

— Ok...

Il n'avait aucune envie qu'elle redescende et encore moins qu'elle parte en Corse. Avec elle, il oubliait tout : les menaces, Miu, ce qui risquait d'arriver, ses craintes de la blesser... Peut-être que sa malédiction jouait sur la force du lien avec la démone, mais peut-être que c'était juste parce qu'il tenait tellement à Capucine qu'il ne pouvait penser à rien d'autre quand elle était là.

— Tu capteras en Corse ?

Elle était entrain de régler son téléphone portable.

— C'est l'île des milliardaires...Ils seraient fous s'ils captaient pas.

Elle leva les yeux vers lui et lui sourit.

— Tu veux m'envoyer des mots d'amour ? le taquina-t-elle.

Il la regarda d'un air malicieux.

— Ou des sextos.

— Ah oui... Je me disais aussi, dit elle en reposant son téléphone.

Elle s'allongea en regardant le plafond. Elle étouffa un bâillement.
Des sextos. Forcément.

Noé posa le cendrier sur la table de chevet. Avant de s'allonger, il embrassa Capucine avec tendresse.

— Bonne nuit.

Il se mit de côté, contre elle, son bras en travers. Il espérait bien qu'ils auraient un peu de temps avant qu'elle ne décide de se lever pour rejoindre sa chambre.

Elle l'embrassa doucement.

— Essaie d'éteindre la bougie avec ta magie. Pour voir.

— ça ne va pas marcher.

Il tendit la main vers la bougie et claqua des doigts.