Chapitre 23 - Joyeux anniversaire, Noé !

Sous ses extérieurs assurés, Noé n'en croyait toujours pas sa chance que Capucine réponde à ses baisers. Il espérait sincèrement qu'elle ne reviendrait pas en arrière demain, quand leurs vies auraient repris un cours plus normal.
Il ne chercha pas à l'entrainer vers le lit, trop occupé à profiter de sa bouche sur la sienne, de sa peau sous ses mains, de son corps contre le sien.

Elle finit par abandonner ses lèvres et déposa un baiser sur son cou.

— En d'autres temps, d'autres lieux... J'aurais adoré dormir avec toi.

Rien que l'idée de se réveiller comme ce matin lui donnait envie de plonger toute la famille dans un sommeil très lourd. Mais Quentin était susceptible sur les attaques magiques en ce moment.

— Tu dors cette nuit ou tu veux faire la fête avec tes amis ? Cela dit pour le rituel, on gagnerait à ce que tu ais quelque chose leur appartenant... Que la fête se passe dans les rêves ou ici.

Il caressa doucement sa nuque, touché par ce qu'elle venait de lui dire. Il aurait adoré aussi dormir avec elle comme cette nuit.

— Je vais dormir. Je tenterai le rituel ce week end.

Il lui vola un nouveau baiser sans trop s'attarder.

— Je finis à 17h demain. Tu veux pas m'emmener visiter ton appartement ?

Elle le regarda longuement.

— Peut être. Je dois y réfléchir.

Elle n'y avait jamais emmené personne. Pas même Eric. Surtout pas Eric à vrai dire. Elle esquissa un sourire.

— Mais je peux t'emmener aux archives invisibles. C'est sous le cimetière de Montmartre.

Il plissa les yeux.

— Tu ne veux pas que je vois ce que tu caches ? Tu sais que ça va me donner encore plus envie d'y aller ?

Il caressait lentement son dos.

— Mais va pour les archives invisibles : une jeune fille bien élevée n'emmène pas un mec chez elle pour un premier rencard de toute façon.

Ses yeux pétillèrent de malice à ces mots.

Elle le serra un peu plus contre elle.

— Tu sais que peu de sorciers y sont allés. Ton père ignorait où elles se situaient. Il aurait dépensé assez cher en informateur pour ça, en vain. Et Eric a même invoqué une démone pour qu'elle lui révèle... Ça le rendait dingue qu'une "simple" humaine ait trouvé cette information et encore plus que je ne veuille pas l'y conduire... Puis il a fini par se faire à l'idée que je lui ramenais les informations qu'il voulait de là bas alors qu'aurait il "été foutre dans une bibliothèque poussiéreuse sous un cimetière".

Elle le relâcha et s'assit sur le lit de Noé.

— Je n'ai pas encore dit à Quentin que ce lieu n'était pas une légende comme je l'ai entendu le dire à Ahmed une fois. Je veux voir si je trouve des informations sur les Huldre en prenant un autre angle de recherche auquel il n'a pas vraiment pensé.

Il se laissa tomber sur le lit à côté d'elle, les yeux brillant d'intérêt. Un ou deux bouquins de la bibliothèque avaient fait mention de ces Archives Invisibles, mais il ne s'était jamais attardé sur la question à l'époque où il avait mis son nez dedans.

— Comment tu as fait pour les trouver ?

Elle s'allongea sur le lit, de travers et regarda le plafond avec un sourire.

— J'ai été voir le gardien du cimetière tous les mardi soirs pendant six mois et j'ai fini par lui présenter Claudia Schiffer. Il a fini par reconnaitre qu'il savait quelque chose... Et il m'a présenté le gardien de l'entrée des archives.

Il se tourna vers elle, restant assis pour mieux la regarder. Il aimait décidemment beaucoup cette tunique au décolleté vertigineux.

— Toutes ces choses, tous ces trucs que tu cherchais... C'était pour lui que tu faisais ça ? demanda-t-il doucement.

— Au début oui. Je voulais qu'il cesse de croire que j'étais juste une "blonde stupide" comme il disait pour me faire enrager. Quand il sortait avec des sorcières, c'était pire, je voyais bien que je tenais pas la distance... Je ne comprenais pas ces histoires de fluide, de mélange de magie. Je me sentais exclue sans avoir moyen d'y faire quelque chose. Parce que même les objets magiques, je voyais bien qu'il voyait ça comme... Pas de la triche, mais un pis aller. Que c'était pas comme être un sorcier.

Elle resta un instant plongée dans ses souvenirs.

— Puis j'ai commencé à discuter avec des chamanes un peu partout dans le monde. Et il y a une femme qui m'a dit que c'était peut être mon épreuve à moi, mon chemin... J'ai commencé à lire, à chercher les chemins de traverse et je me suis rendue compte qu'en ne pratiquant pas, j'avais peut être un regard plus distant, plus objectif... même si bien sûr, il y a des choses que je ne peux pas pressentir et pour ça j'avais besoin du retour d'Eric.

Elle soupira en ajoutant :

— Ce qui n'était pas facile parce qu'à part me balancer "ça foire. ça marche pas longtemps. C'est pas top." il ne disait jamais ce que je devais reprendre...

Noé s'allongea sur le ventre, en appui sur ses coudes. Il se déchaussa avec ses pieds. Il attrapa sa main, suivant les lignes de sa paume du bout de son doigt.

— Quand tu penses que finalement, il était né sans pouvoir...

Il n'osait pas imaginer le choc que cela lui avait fait de l'apprendre, d'autant plus avec tout ce que cela avait impliqué pour leur famille, pour Thomas, Quentin...

— Tu crois qu'on pourrait travailler ensemble ? Je te ferai de vrais retours argumentés, bien scientifiques et tout.

Eric né sans pouvoir. Oui c'était une ironie terrible. Parfois elle se disait qu'il ne lui avait pas raconté la vérité parce qu'il n'avait pas assumé tout ce qu'il avait pu lui dire.
Elle tourna son visage vers celui de Noé. Elle avait passé tellement de temps à vouloir être aimée, à vouloir découvrir le monde des sorciers, à vouloir faire partie de cette famille. Auprès d'Eric ensuite auprès de Quentin... Et Noé lui offrait tout ça, tellement spontanément.

— Je ne veux pas me servir de toi. Ce n'est pas ce que je fais, murmura-t-elle.

Parce que tout le monde dirait ça. Qu'il était jeune, influençable et qu'elle en avait profité.

— Tu crois que je le sais pas ?

Noé avait bien conscience de ce qui se dirait si on venait à savoir ce qui se passait entre eux, comment les gens verraient Capucine. Il ne faisait aucune confiance à Quentin de ce côté-là pour prendre sa défense, il la condamnerait automatiquement. Son frère ne pouvait pas changer complètement d'opinion sur elle en quelques jours, d'autant plus sous le prétexte à la con de le protéger.
Qu'elle ait été la fiancée d'Eric, qu'elle ait cherché à attirer l'intérêt de Quentin ces dernières années pour faire vraiment partie de cette famille, qu'elle ait 10 ans de plus que lui compliquerait les choses aux yeux du monde, mais lui, il savait ce qu'il en était. Il la connaissait tellement bien !

— Je ne veux pas que tu puisses te poser cette question, un jour, murmura-t-elle.

Et il serait légitime qu'il le fasse. Parce qu'avec du recul, il verrait bien qu'il restait malgré tout plus influençable qu'un homme plus âgé. Et encore même la maturité ne faisait tout...

Il porta la main de Capucine à sa bouche pour l'embrasser.

— ça n'arrivera pas, lui dit-il avec assurance.

Elle le regarda dans les yeux.

— Ok. Je devrais redescendre dans ma chambre, murmura-t-elle.

— Ok.

Il se pencha sur elle pour l'embrasser encore. Faire plus aurait été bien déraisonnable, même s'il en avait très envie et qu'il ne lui faudrait pas beaucoup pour oublier toute raison, justement.

Elle posa sa main sur sa joue et la laissa glisser sur sa nuque en répondant à son baiser, la seconde effleura son flanc avec lenteur.
La maison était tellement calme. Dans la chambre de Noé, c'était encore plus flagrant. Cela lui ferait encore plus bizarre lorsqu'elle serait dans le loft, à l'écart malgré tout.

Il se colla un peu plus contre elle, sa jambe se posant sur la sienne. Sa main libre allait et venait sur le corps de Capucine doucement alors que ses baisers se faisaient plus impatients. Juste l'embrasser ainsi réchauffait son corps et c'était vraiment très plaisant.

— J'adore t'embrasser, murmura-t-il en recommençant encore.

Ses mains glissèrent sous sa chemise ouverte pour caresser son dos. Elle laissa échapper un soupir de frustration. Elle écarta doucement sa bouche de la sienne.

— Je vais redescendre... De toutes manières, j'ai trop de courbatures qui se réveille pour être efficace, avoua-t-elle à regrets.

Et il ne pourrait rien pour l'en soulager. Il ne lui restait plus qu'à prendre du paracétamol quand elle serait dans sa chambre. Elle remonta une main sur sa joue et lui vola encore un baiser. C'est vrai que c'était difficile d'arrêter.

Il l'embrassa encore, l'attirant contre lui. Finalement, il posa son front contre le sien, le souffle un peu plus court.

— Si je ne dors pas un peu, je vais le faire en cours demain, répondit-il aussi amusé que frustré de s'arrêter maintenant.

La relâcher était difficile. Il aurait voulu rester avec elle un peu plus.

Capucine l'embrassa à nouveau et ses mains s'égarant sur elle, ils passèrent encore une bonne dizaine de minutes sur le lit de Noé. Elle avait fait glisser sa chemise et sa tunique était remontée de plusieurs centimètre au-dessus de sa poitrine. Elle se sentait terriblement faiblir, se disant que s'ils restaient sagement sur le lit, ses courbatures devraient être supportables. Mais ils entendirent du bruit dans le couloir, des éclats de rire et des bruits de voix et elle se dit que ça ne serait vraiment pas raisonnable.

— J'y vais, souffla-t-elle à regret.

Bien sûr, il lui fallut encore cinq minutes pour réussir à se lever du lit et à remettre de l'ordre dans ses vêtements. Elle enfila ses chaussures et lui sourit ce qui suffit à ce qu'ils se retrouvent contre la porte de la chambre pour s'embrasser avec plus de fougue encore que sur le lit.
Capucine finit par sortir sans trop savoir comment de la chambre pour descendre. Elle resta cependant un instant sur la dernière marche au cas où elle croiserait Dimitri ou Bo dans le couloir. Elle regrettait presque d'avoir pris la chambre en face de Quentin maintenant.
Elle y rentra sans encombre et décida de prendre une douche. Plutôt tiède tirant sur le froid que tiède tirant sur le chaud.