Chapitre 23 - Joyeux anniversaire, Noé !

Elle le regarda un instant avant que ses yeux ne glissent sur les autres. Bo et Quentin étaient perdus dans un de ses échanges de regard dérangeant où le monde autour d'eux pouvait s'effondrer. Alexis continuait ses playlists en lançant par moment des petites phrases de DJ qu'il imaginait être cool... Il avait même la tête du type qui croyait réellement avoir une salle remplie de teuffeurs.
Dimitri dansait toujours avec Gwen mais ils semblaient pris d'un fou rire qui faisait repartir l'autre dès que l'un se calmait.

— D'accord, dit elle en se levant et en lui donnant la main.

Ce n'était pas raisonnable mais personne ne les regardaient. Et puis en temps normal, elle aurait accepté alors c'était louche de refuser.

Noé avait compté là-dessus. S'il ne s'était rien passé entre eux, il l'aurait invitée aussi, donc tout était normal.
Le seul problème était qu'il ne savait pas vraiment danser le rock, mais il improvisait. Il faisait danser Capucine sans chercher à faire plus, appréciant simplement le moment. Il y eut bien quelques regards plus appuyés que d'autres, mais comme personne n'y faisait attention, ce n'était pas bien grave.

Alexis bascula sur un slow d'Elvis Presley. Il se mit à chanter par dessus avec son micro, prenant des airs de crooners qui refirent partir dans un éclat de rire à pleurer Dimitri et Gwen.
Capucine passa ses bras autour dur cou de Noé, plongeant ses yeux dans les siens.

— Retour au lycée... Ça ne te semble pas à des kilomètres ?

Elle se disait qu'elle allait vraiment arrêter son cycle à la fac.

Noé posa ses mains sur sa taille.

— Si.

Il n'avait loupé les cours que pendant une semaine et, pourtant, cela lui semblait avoir été bien plus long. Il s'était passé tellement de choses en quelques jours...

— Mais personne ici ne me laissera sécher encore un peu, alors...

Le Bac était dans 15 jours. Le concours pour sa prépa suivrait. Tout cela lui paraissait cependant presque secondaire alors qu'on cherchait à tuer Bo, qu'Olivier avait été remplacé par une ombre, qu'un grimoire hyper puissant était dans la nature...

— Ce qui est ridicule parce que tu n'apprendras rien de plus en cours. Tu peux tout aussi bien avancer tes révisions ici... Mais bon, tu reverras tes amis. Tu feras des trucs simples comme commenter la dernière télé réalité que tu as loupé, parler du dernier jeux vidéos que je t'ai offert mais auquel tu n'as pas eu le temps de jouer ou plus simple décortiquer le menu de la cantine...

Son pouce effleura sa nuque dans une lente caresse.

— Des trucs simples, oui.

Il lui sourit, appréciant son geste.

— Je ne sais pas si j'arriverai à zapper qu'il peut vous arriver un truc alors que je serai au lycée.

— Il ne peut rien m'arriver... Le réflexe de base d'un sorcier c'est une attaque magique. Ils ne penseront pas à me tirer dessus avec un flingue, tu sais.

Elle lui sourit.

— Et je pense que je vais passer mon temps à trainer dans les bibliothèques magiques de la capitale. Je suis sûr que Quentin a déjà des tas de projets pour moi...

Noé jeta un oeil à son frère avant de revenir à Capucine.

— C'est une vie qui te plaira ? De bosser avec Quentin ?

Il avait encore du mal à croire que ces deux-là puissent s'entendre sur quelque chose.

— Tu veux dire devenir vice-présidente de DLS d'ici cinq ans et développer une filiale sur les objets de protection dans un autre pays...

Elle lui sourit.

— Oui je pense que ça pourrait me plaire.

— Il faudrait une section scientifique à cette filiale.

Il en avait pour deux ans de prépa, puis ensuite, ce serait le concours pour les Grandes Ecoles pour trois ou quatre ans de plus, avec peut-être un cursus aux Etats-Unis pour un an ou deux. Quand il finirait ses études, il aurait 25 ans au moins.

— Pourquoi faire ? Demanda-t-elle avec un sourire amusé.

— Oh, on trouvera bien. Je me suis donné la grande mission de redonner aux potions leur juste place dans le monde de la magie.

Il affermit sa prise sur sa taille juste pour en profiter un peu.

— Je compte bien utiliser toutes mes vacances d'été de ces 5 prochaines années à arpenter le monde pour emmagasiner le plus de savoir possible, rencontrer des gens, voir la magie autrement...

Il soupira en se rendant compte de ce qu'il venait de dire.

— Pas que je veuille faire comme Eric, hein.

Elle eut un sourire. Elle approcha ses lèvres pour embrasser sa joue.

— On peut prendre le même chemin et ne pas voir le paysage de la même manière, Noé.

Elle ajouta plus bas :

— C'est comme faire l'amour. on s'y prend dans les grandes lignes de la même manière et pourtant... C'est jamais pareil. Parfois même avec la même personne d'ailleurs.

— Oui, je vois ce que tu veux dire. Je ne sais pas encore comment je verrai le paysage, j'ai plein d'idées, mais...

Il lui sourit encore plus.

— Je ne t'enverrais pas affronter des sales types ni te faire maudire par une vieille bonne femme dans une jungle perdue.

Elle resserra ses bras autour de son cou pour le serrer contre elle. C'était mieux ainsi, il ne voyait pas ses yeux comme ça.

— De toutes manières, je ne sais plus si j'aurais assez d'insouciance pour ça... Quoique tu en penses, les risques avec Olivier étaient mesurés.

Elle le sentit soupirer, à la fois de bonheur de la sentir si près et un peu contrarié à la mention d'Olivier.

— Ok. Je sais que l'inconscience, c'est pas ton truc... J'essayerai de moins m'en faire si tu repas en mission spéciale.

— Et puis dis-toi que je connais ton emplois du temps. Si je suis sur Paris, il se pourrait que je passe te prendre...

Elle embrassa doucement son cou près de son bras et le relâcha.
Elle retourna prendre sa flûte de champagne et la vida. Bo avait visiblement réussi à entrainer Quentin dans la piscine et commençait à former autour d'eux une sphère liquide.
Juste pour les emmerder, elle descendit dans l'eau et s'approcha d'eux. La bulle disparut dans un gargouillis ridicule.

Noé la regarda faire avec amusement. Il regrettait qu'elle se soit éloignée, mais il ne fallait pas trop en demander. Il rejoignit Dimitri et sa mère, entrainant Gwen dans une nouvelle danse.

La soirée prit fin tranquillement un peu après minuit. Gwen les avait abandonnés la première. Elle s'était permise d'embrasser Dimitri sur la joue en le remerciant de l'avoir fait rire et danser, puis avait déposé un baiser sur le front de Noé en lui murmurant qu'elle était fière de lui. Elle leur souhaita bonne nuit en espérant les voir au petit-déjeuner.
Pour sa part, Noé était crevé et baillé à s'en décrocher la machoire. Il n'avait que très peu dormi cette nuit et sa journée avait été bien chargée.

— Le roi de la fête va se retirer, mes braves, fit-il en se levant du transat où il comatait à moitié.

Bo et Capucine étaient toujours dans la piscine. Cette dernière refusait de laisser la blonde en sortir, prétextant qu'elle pouvait réussir à manipuler l'eau malgré la zone blanche. L'obstination de l'anglaise était légendaire et la patience de la française commençait à s'éroder.

— On devrait tous aller dormir... Bo, Capucine va finir par déteindre dans toute cette javel... Déjà qu'elle est plutôt blond pâle et teint lunaire, essaya de la raisonner Dimitri.

Il se tourna vers Noé et lui lança :

— T'emmènes Capucine pendant que Quentin et moi on se charge de celle qui va gueuler dans deux secondes qu'elle est à "ça" d'y arriver.

Il lui fit un petit sourire en coin et sauta dans la piscine en regardant Quentin.

— Bo c'est l'heure d'aller au lit pour ton câlin nocturne avec le chef de famille !

Noé ne se fit pas prier. Il attrapa une grande serviette et tendit la main à Capucine pour l'aider à sortir de l'eau.
De son côté, Quentin avait assisté à la scène avec autant de curiosité vis à vis de l'affrontement entre la magie de Bo et la zone blanche de Capucine que d'amusement à l'obstination de l'Anglaise. Il avait bien essayé de la raisonner une fois ou deux en voyant le regard de la Française, mais elle n'avait pas démordu de son objectif immédiat.

— Tu auras le temps plus tard pour réessayer, lui fit-il en essayant de l'attraper par la taille.

— Mais j'y étais presque ! se défendit Bo.

Elle darda sur Capucine le même regard qu'un chien regardant son pouic-pouic partir dans la gueule d'un autre.
Capucine se sécha et attrapa sa tunique, en enfilant ses chaussures.

— Ne finit pas ta soirée sur un échec cuisant, Bo Hendricks, lui dit elle.

Dimitri retint Bo juste à temps pour la repousser dans les bras de Quentin alors que la piscine semblait se vider pour former une vague qui mourrut avant d'atteindre Capucine et Noé.

— Allons-y, dit elle à ce dernier en l'aidant à porter ses cadeaux d'anniversaire.

Quentin avait attrapé Bo, mais le mouvement brusque de l'eau le déstabilisa quand la vague redescendit et ils finirent tous les deux sous l'eau. Il remonta à la surface en toussant, ayant bu la tasse.

— La prochaine fois, fais ça quand on n'est pas dedans.

Noé et Capucine rentrèrent à la maison et grimpèrent aussitôt à l'étage. Il s'arrêta sur le palier du premier.

— Je te raccompagne à ta chambre ou tu m'aides à monter tout ça là-haut ?

— Je t'aide mais on devrait faire vite avant que je foute en l'air les ingrédients, dit elle.

Si mettre à marée basse les pouvoirs de Bo était amusant, ce serait quand même dommage que les tantes aient œuvré pour rien. Elles devaient déjà être tellement déçues de ne pas avoir pu fêter l'anniversaire de Noé là bas comme prévu la veille.

— Il faut vraiment qu'on explore ton rayon d'action.

Ils rejoignirent la chambre de Noé sous les combles. Il mit tout ce qui était magique dans son espace de travail. Tout n'était pas revenu à sa place depuis la fin de sa punition, mais cela ne saurait tarder. Il pourrait reprendre bientôt ses expérimentations et son exploration du livre que Capucine lui avait offert.
Noé prit ensuite la main de la jeune femme pour l'emmener dans la partie chambre, l'éloignant des ingrédients, et l'attira contre lui.

— Bonne nuit, Capucine, souffla-t-il en la regardant dans les yeux.

Il ne résista pas à l'embrasser. Il en rêvait depuis des heures.

Elle enroula ses bras autour de son cou pour répondre à son baiser. Elle n'était venue que pour lui transmettre le rituel de la fête. Rien de plus.