Chapitre 15 - Quand la vérité éclate

Elle aurait frappé Quentin que cela lui aurait fait le même effet. Pourtant, il ne pouvait pas la laisser quitter cette pièce de cette façon. S'il le faisait, il avait la sensation qu'il risquait vraiment de la perdre. C'était inconcevable.

— Tu crois que j'ai eu peur de toi. Ce n'est pas le cas, Bo, dit-il très sérieusement.
— Fous lui la paix pour ce soir, intervint Dimitri. ça vaut mieux.

Elle se tourna, se maudissant au passage de ne pas réussir à tracer sa route, pour le regarder.

— Bien sûr que si. J'étais là et j'ai tout vu, lui rappela-t-elle.

Elle fit un geste de la main pour chasser ça.

— Et c'est tant mieux. C'est la meilleure chose que tu pouvais faire. Je ne suis pas comme toi ou comme Noé ou comme Dimitri. Ce que je suis... N'a pas besoin d'un sursis. Vraiment pas.

Elle avait vu en lui des choses qui valait la peine d'être sauvé mais à l'inverse il avait vu ces ombres terribles qui avaient tué et qui tueraient encore jusqu'à ce qu'elle n'en ait plus une seule.

Il soutint son regard.

— Tu es exactement comme moi, Bo.

Mais la présence de Noé et de Dimitri l'empêchait d'en dire plus. Il savait déjà qu'il devrait tout expliquer à son frère, mais pas comme ça.

— Ce qui s'est passé tout à l'heure, ce n'est pas toi qui en as été la cause. C'est cette magie qui te tue. C'est elle qui m'a fait réagir comme ça, pas toi. Ce que j'ai vu de toi, de ta magie, ce que tu es, il n'y a rien de monstrueux, bien au contraire. Ta magie est merveilleuse, harmonieuse. Tes ombres... elles n'ont rien de mauvais. Elles sont précieuses. Comme toi.

— Non.

Elle haussa les épaules.

— Tu sais moi les mots... je n'y ai jamais vraiment porté d'importance. Les gens disent un truc et ils en font un autre. Ils te jurent qu'ils t'aiment et ils en baisent une autre ou pire.

Elle se détourna.

— Tu n'as eu de cesse te raconter tes histoires à mon sujet mais au fond de toi, tu sais la vérité. Et je suis certaine que tu auras d'autres occasions de me repousser.

Quentin la regarda fixement. Il voyait bien que Dimi n'attendait qu'un geste de sa part pour lui sauter dessus, mais surtout que Bo se butait sur son compte.

— Comme je te l'ai déjà dit, je ne suis ni Connor Watson, ni Eric, alors merci de ne pas me ranger dans la même catégorie qu'eux, fit-il d'un ton plus distant, mais sans doute un peu vexé de la comparaison. Je n'aurai pas du réagir comme ça tout à l'heure et je m'en excuse encore. Tu es fâchée contre moi, je comprends. ça ne sert à rien de continuer cette discussion maintenant. On en reparlera demain matin tranquillement.

Noé observait son frère sans un mot. Il n'en perdait pas une miette.

— Mais mets toi bien dans la tête que je sais très bien qui tu es et que, contrairement à ce que tu penses, je ne me raconte pas d'histoires sur toi, ni sur nous. Je ne te repousserais jamais, Bo. Je ne te laisserais pas et je ne t'abandonnerais jamais, fit Quentin avec cette assurance qu'elle lui connaissait bien.

Il soupira et reprit un ton plus bas :

— Je m'inquiète vraiment pour toi, alors je serais plus tranquille si tu ne faisais plus de magie pour le moment. Evidemment, ce n'est pas un ordre, c'est juste une demande.

Il se tourna enfin vers Dimitri.

— Je compte sur toi pour la convaincre et veiller sur elle puisque j'ai bien compris que cette nuit, elle restait avec toi.

Bo détestait quand il la faisait passer pour une enfant mais puisque c'était comme ça, alors autant être puérile jusqu'au bout.

— De toutes manières, tu embrasses mal alors je ne vois vraiment pas pourquoi on reviendrait dessus, demain. Et rien que pour ça, je ne peux pas te mettre dans la même catégorie que Connor.

Et cette fois, elle partit avant de se faire happer par sa réponse. En plus, elle était certaine que Noé serait ravi de rebondir là dessus. Enfin s'il osait. Pour sa part, elle sentait que sa contrariété allait faiblir dangereusement à cause de sa fatigue. Elle fut même obligée de s'appuyer sur lui lorsqu'ils commencèrent à monter les escaliers.

Dimitri la soutint par la taille.

— Pour qui il se prend...

Il avait manqué rentrer dans le lard de Quentin. Il s'en était fallu de peu. Il ne s'était retenu qu'à cause de Bo, parce qu'elle était assez grande pour gérer, mais il n'avait vraiment pas apprécié comment il avait parlé à sa soeur, ni la façon dont il avait eu de lui demander de veiller sur elle. Il faisait ça depuis bien plus longtemps que le Français. Quentin n'allait tout de même pas lui donner des leçons sur ce point ! Il comprenait mieux Noé maintenant.

— On va monter se coucher. Tu as besoin de dormir, fit-il plus doucement alors qu'ils arrivaient au rez de chaussée.

Elle hocha la tête. Elle se mit en chemise de nuit et s'allongea dans son lit. Elle resta un moment silencieuse dans le noir. Dimitri commençait à s'endormir quand elle lui dit :

— Si personne ne peut me sauver... Ne lui casse pas la gueule s'il te plait.

Elle l'entendit soupirer.

— T'es trop indulgente avec lui, répondit-il à voix basse.

Mais il n'était pas sûr de pouvoir respecter sa demande. Si elle mourait, si Quentin ne pouvait rien pour la sauver...

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Je ne suis pas indulgente. Tu sais ce que je suis. Plus que je ne l'ai jamais été...

Elle hésita mais finit par lui raconter.

— On ne peut pas s'embrasser ou coucher ensemble parce qu'on a mis un truc en moi. Un truc dont la magie bouffe la mienne et celle des autres... Je suppose que c'est ça qui me tue au passage. C'est dans mon ventre à la place du bébé. Mais j'ai demandé à Quentin d'essayer de m'embrasser parce que sinon il n'arrive pas à voir ma magie... Comme j'ai pas envie de le tuer, je me disais qu'il finirait pas comme Eric qui m'avait forcé à l'embrasser après qu'il ai tué Kelly sous mes yeux.

Elle n'était pas sûr que son récit soit très facile à suivre.

— Il a vu la magie et ça lui a fait peur, il m'a repoussée et il a plus fait un geste vers moi. Ça m'a rappelé des choses, murmura-t-elle.

— Mais quel con !

Dimitri comprenait mieux la colère et la déception de sa soeur. Il imaginait également très bien ce qu'elle devait penser d'elle et cela justifiait les paroles dures qu'elle avait eues pour elle-même tout à l'heure.

— J'aurai du lui balancer mon poing dans la gueule tout à l'heure.

Si Quentin l'inflexible, le Terminator comme l'appelait Noé, avait eu peur de cette chose à l'intérieur de Bo, est-ce que cela voulait dire que Bo était vraiment condamnée ? Qu'il n'essayerait même pas de la sauver ? Est-ce que c'était trop puissant pour ça ?

— Dimi...

Elle soupira devant ce besoin permanent de son frère a frappé les mecs qu'elle aimait. Il était pas si prompt à la violence quand les siens le laissaient tomber. Elle regarda le plafond.

— Je sais que si j'étais raisonnable, je me tiendrais loin de lui. Peut être même que cette magie l'affaiblit sans qu'on le sache... Surtout que j'ai toujours tellement de mal à ne pas le toucher. Mais... Je n'arrive pas à rester loin de lui. Est-ce que tu as déjà éprouvé ça ? Je pense tout le temps à lui, j'ai cette sensation étrange dans le ventre quand il me regarde et quand il me parle ou me touche... Avec Connor et Eric j'avais envie d'être avec eux, de les toucher, j'étais heureuse... Mais ça n'était pas aussi intense, ni les montagnes russes comme ça...

Elle le regarda :

— Tu as éprouvé ça pour Steven ou Chad ?

Il l'attira contre lui pour un calin. Ce qu'elle disait lui rappelait la conversation qu'il avait eue avec Joanna le soir de son arrivée.

— Pas à ce point. J'ai été très amoureux de Steven, mais c'est pas venu tout suite. Au départ, c'était juste une attirance, de la curiosité à être avec quelqu'un, avec quelqu'un qui comprenait qui j'étais... Les sentiments, les vrais, sont venus petit à petit, jusqu'à ce que ça devienne évident que j'étais amoureux. Alors, oui, j'avais tout le temps envie de le toucher, d'être avec lui, et c'était pareil pour Chad, même si lui, je sais que je suis tombé amoureux quasi tout de suite, mais je vois bien ce qui se passe entre toi et Quentin. Quand vous êtes dans la même pièce, il n'y a plus rien qui compte, mais 10 fois, 20 fois plus que la normale. On dirait que rien ne peut se mettre entre vous, qu'on est tous accessoires...

Cela inquiétait Dimitri tout autant que cela le rendait envieux.

Elle prit sa main pour la serrer dans la sienne.

— Peut être. Mais tu ne seras jamais accessoire, Dimi. Je t'aime trop pour ça.

Elle ferma les yeux.

— Et tu n'as jamais eu peur de moi. Jamais.

— Toi non plus, tu n'as jamais eu peur de moi.

Ni de cette violence qu'il avait en lui et qui ne demandait qu'à sortir. Elle ne lui en avait pas voulu d'avoir failli tuer Connor, elle l'avait juste pris dans ses bras pour l'empêcher de sombrer.

— Mais je vois pas pourquoi j'aurai eu peur de toi. T'es toute petite, tu frappes pas fort, t'as pas de muscles... se moqua-t-il gentiment.

— Oui mais je sais bien viser, dit elle avec un léger sourire.

Elle se lova contre lui.

— Bonne nuit, Dimi, murmura-t-elle.

— Bonne nuit, Bo.

Dimitri ne réussit pas à dormir tout de suite. Savoir Bo mourante le terrifiait, mais il ne fallait pas qu'il le lui montre. Pourquoi les choses s'acharnaient-elles à ce point sur elle ? Pourquoi ne pouvait-elle pas avoir enfin un peu de bonheur durablement ? Il avait terriblement envie de la ramener chez eux, près de leur père et même d'Irina, de l'emmener au pub avec les jumeaux... Mais sa meilleure chance était ici et de toutes façons, il sentait d'instinct que la séparer de Quentin la rendrait encore plus malheureuse qu'elle avait pu l'être par le passé. Le Français avait merdé grave ce soir. Dimitri espérait qu'il saurait réparer.

Noé et Quentin à ajouter


Elle était dans la cuisine de la maison familiale. Rien n’avait changé : ni le papier peint un peu vieillot que son père n’arrêtait pas de promettre de changer, ni l’emplacement de la cafetière, ni les bibelots de sa mère, bien alignés sur le bord de la fenêtre. Tout était resté immuablement rassurant depuis la première fois qu’elle avait mis les pieds ici, alors qu’elle n’avait que 6 ans. Quand les Sheridan avaient fait d’elle leur fille.
— Tu devrais t’asseoir, ma chérie.
Sa mère était devant elle, le corps recouvert de flammes, et elle recula d’un pas sous le choc. Cela ne sembla nullement préoccuper la femme qui tira une chaise pour qu’elle s’assoit, enflammant le mobilier à son tour.
— Cela fait tellement longtemps que tu n’es pas venue nous voir. Tu nous manques.
Son père posa les tasses sur la table. Lui aussi était en flammes, mais tous les deux agissaient comme si tout était normal. Leurs vêtements commençaient à brûler et leurs peaux à cloquer. Chaque pas qu’ils faisaient, chaque chose qu’ils touchaient enflammait la cuisine et elle sentit la chaleur de l’incendie se faire plus intense à mesure qu’il se propageait.
Ses parents se tournèrent vers elle et elle ne put détourner le regard de leur peau qui fondait maintenant, de leurs cheveux qui disparaissaient en cendres, de leurs lèvres qui se racornissaient sur leurs dents… Ils n’étaient plus que des torches vivantes, des cadavres en train de se consumer et ils dégageaient une atroce odeur de chair brûlée qui lui donna la nausée.
— Je suis désolée, tellement désolée, dit-elle en pleurant des larmes qui s’évaporaient aussitôt.
— On ne t’en veut pas, ma chérie. Ce n’est pas si grave, fit sa mère en avançant vers elle.
— Bien sûr que non, mon lapin, continua son père en tendant les bras vers elle.
Ils avançaient comme des zombies, avec des mouvements saccadés, tendant leurs bras à la chair noire et grésillante vers elle pour l’étreindre. La maison était en flammes et elle savait qu’elle ne pourrait pas en sortir, qu’ils allaient la prendre dans leurs bras et qu’elle finirait comme eux. Quelque part, elle le voulait. Elle le méritait tellement.
— Tu es rentrée à la maison ?
Sa petite sœur venait de rejoindre leurs parents, lui offrant son plus beau sourire, et se jeta à son cou. Ses beaux cheveux longs disparaissaient à leur tour dans les flammes. Son pyjama s’évanouissait comme s’il n’avait été que du papier. Sa peau à elle aussi cloquait, s’embrasait, noircissait…
— Tu es avec nous maintenant, fit le cadavre de l’adolescente en la serrant contre elle.
Elle se mit à hurler alors qu’elle s’enflammait à son tour.

Lexie se redressa brutalement dans le lit, le corps trempé d’une désagréable sueur froide, le cœur battant à tout rompre et la respiration haletante. Un instant, elle fut désorientée, ne reconnaissant pas la chambre de l’appartement qu’elle occupait avec ses cousins depuis son arrivée à Paris.
— Ton cauchemar avait l’air très intense.
Elle soupira en reconnaissant la voix. Olivier. Elle se rappela alors qu’elle était dans son lit, entièrement nue. Quelle conne.
— Qu’est-ce que t’as foutu encore ?
— Rien du tout, fit-il en levant les mains d’un air innocent.
Le sorcier était allongé sur le côté, la tête reposant sur un coude, uniquement vêtu d’un boxer. Elle l’imaginait bien en train de l’observer se débattre dans son sommeil. Il était complètement tordu. Et elle encore plus puisqu’elle avait couché avec lui.
— Tu as forcément utilisé ton pouvoir sur moi, siffla-t-elle en essayant de s’ôter de la tête les images de son cauchemar, se raccrochant à l’idée que sa petite sœur n’était pas morte, qu’elle était même bien vivante et à Paris, à portée de main.
Elle s’extirpa des draps pour se lever et chercher ses vêtements. Olivier attrapa son paquet de clopes sur la table de chevet sans allumer la lumière.
— J’ai à peine goûté à ton angoisse. Un grand cru au doux parfum de culpabilité.
Il reçut une de ses chaussures en pleine poitrine. Lexie avait dû viser la tête, mais avait loupé son coup. Il se redressa aussitôt dans son lit, ayant lâché son briquet.
— Putain ! T’es malade ou quoi ?
Lexie le regarda se tâter le torse pour vérifier que la flamme de son briquet ne l’avait pas brûlé. Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres en sentant le filet de peur dans la voix d’Olivier. Peut-être que toute seule, elle ne pouvait pas le saigner et le siphonner de sa magie, mais si elle le cramait, elle gagnerait la partie. Bon, elle aurait de graves emmerdes, c’était certain, mais lui ne serait plus là pour le voir.
— C’est pas sain pour un type comme toi de trop jouer avec le feu.
Elle l’entendit la traiter de salope alors qu’elle ramassait son soutien-gorge. Elle n’eut pas le temps de le passer qu’Olivier la souleva pour la jeter sur le lit et lui bondir dessus, s’asseyant à califourchon sur elle, tenant ses poignets.
— Lâche-moi. Tout de suite.
Il pencha la tête légèrement de côté, ses cheveux mi-longs suivant le mouvement. Le regard qu’il lui adressa la mit mal à l’aise, lui donnant l’impression qu’il fouillait en elle, comme s’il épluchait un fruit pour en ôter toutes les couches une par une et savoir ce qu’elle cachait, tout ça avant de la dévorer toute crue. Littéralement.
— Tu trembles encore, constata-t-il finalement avant qu’elle lui balance un sort pour le faire lâcher. Ton cauchemar te colle à la peau.
Elle détesta la façon dont il en fit la remarque. S’énerver contre lui ne suffisait pas à ce qu’elle oublie l’horrible vision de ses parents et de sa sœur en flammes. Rien que d’y penser, elle sentit l’angoisse et la culpabilité ressurgir.
— Tu es une petite chose très intéressante, Lexie. Toutes ces émotions qui bouillonnent…
— Olivier, ne fais pas ça !
Elle sentit l’angoisse s’effacer doucement alors qu’il utilisait sa magie sur elle. Si elle avait pu, elle l’aurait tué. En tous cas, elle l’aurait saigné et s’il n’en était pas mort, cela lui aurait au moins fait du bien de le larder de coups de couteau.
— Arrête !
Cette fois, ce fut sa colère qui se mit à fondre comme neige au soleil.
— Tu n’es pas mieux comme ça ?
— Comme si c’était pour moi que tu faisais ça.
Il lui adressa un sourire amusé et se pencha vers elle.
— Bien sûr que non. J’ai besoin d’apprendre.
Il avait géré très vite les émotions les plus simples qu’il absorbait, mais sa curiosité l’avait poussé à explorer plus avant, surtout quand il avait compris qu’une même émotion pouvait avoir des subtilités suivant la personne, les circonstances… L’angoisse qu’il avait goûtée chez Lexie cette nuit n’était pas la même que celle qu’elle ressentait maintenant par exemple. Il n’y avait plus de culpabilité, mais de la colère mélangée avec.
— Je te fais peur, s’étonna-t-il.
Le pire pour Lexie était qu’elle ne pouvait lui dire le contraire. Il savait très bien que oui, même si ce qu’elle redoutait à l’instant était plus son pouvoir que l’homme. Elle se concentra sur sa colère. Qu’il l’absorbe, elle en avait à revendre. C’était cependant à double-tranchant. Il pouvait très bien la ressentir comme si c’était la sienne et elle ne savait pas de quoi il était capable s’il ne pouvait la gérer.
— Tu ne ressentais pas ça quand on baisait, alors pourquoi ?
Parfois, il avait des réactions étranges, comme un enfant. C’était perturbant pour Lexie.
— Ta magie déconne. J’ai pas envie que tu me refiles un truc pire, répondit-elle en serrant les dents.
L’autre fois, quand il avait absorbé le plaisir qu’elle ressentait à prendre sa dose de magie, cela avait été remplacé par de l’angoisse. Et puis, elle avait vu ce qu’il avait fait à ces filles au Boudoir de Circée. Il avait tout pris quand elles avaient joui et elles avaient fini terrorisées. Alors, même s’il absorbait ses émotions négatives, il y avait peu de chance qu’il lui refile des papillons, des petites fleurs et des bisounours à la place.
Elle en profita qu’il réfléchissait pour se libérer et le repousser violemment, lui collant un coup de pied dans l’estomac. Il allait répliquer quand le téléphone de Lexie sonna. Ils échangèrent un regard, reconnaissant la sonnerie et il la laissa répondre. La récréation était terminée.
— Oui ? Non, je suis à l’hôtel, j’avais envie de ma propre salle de bain pour une fois.
Olivier sourit. Elle ne voulait pas qu’on sache qu’elle était ici et qu’ils avaient couché ensemble. Il n’allait pas en faire étalage non plus. Lexie l’amusait et l’intriguait, elle était un magnifique terrain d’expériences, mais leur rapprochement actuel ne tenait qu’au secret qu’ils partageaient sur la nature de Bo Hendricks. Secret dont l’un comme l’autre se servirait pour ses propres intérêts à un moment donné. Lui avant elle évidemment.
— Très bien. J’y serais.
Elle raccrocha et quitta le lit pour s’habiller. Il la regarda faire en allumant sa cigarette.
— Tu vas où ?
— Si tu as besoin de le savoir, il te le dira, répliqua-t-elle avec sarcasme.
Une fois rhabillée, elle se regarda dans le miroir du dressing et plaqua ses cheveux blonds en arrière. Aussitôt, ils devinrent bruns et frisés. La transformation se poursuivit sur tout le reste de son corps et Olivier n’eut aucun mal à reconnaître l’apparence qu’elle avait prise quand elle l’avait accompagné au Boudoir de Circée.
Quand elle sortit de la chambre pour retrouver ses escarpins et son sac à main, il s’appuya contre le chambranle de la porte tout en fumant.
— Fais bon voyage.
Pour toute réponse, elle lui fit un doigt d’honneur et claqua la porte de l’appartement. Elle descendit les escaliers en se traitant de tous les noms, n’en revenant pas d’avoir été aussi conne, puis effaça Olivier de son esprit. Elle avait une nouvelle cible. Elle devait s’en occuper sans délai. Et à son retour à Paris, elle pourrait essayer de régler ses problèmes de famille avant que le reste du clan ne s’en charge à sa place.