Chapitre 13 - Révélations

— Je ne peux pas m'en assurer sans faire de magie sur toi et comme c'est plutôt contre indiqué pour le moment... Il faudra peut-être demandé son avis à Thanaclop.

Il reprit ses mains dans les siennes.

— Je crois que tu n'as jamais été enceinte. D'après le médecin, tu as tout de même quelque chose en toi, quelque chose de magique que protège le sortilège qui a tué ce qui a possédé Eric.

Il l'embrassa sur la tempe. Il était incapable de lui dire que cela la tuait.

— C'est sans doute ça qu'il voulait, même s'il n'avait peut-être pas saisi que ce n'était pas un bébé. Cette fille aussi, celle qui a pris l'apparence de Kelly, rappelle toi ce qu'elle a dit. On a tous pensé qu'elle en voulait après le bébé, mais si elle voulait autre chose ?

— Quelque chose de... magique ? Tu veux dire qu'on a mis un... un objet ou une chose magique en moi ?

Elle tourna son visage vers le sien.

— Mais depuis quand ? Et pourquoi ?

Elle soupira en ajoutant :

— T'en sais rien, je suppose...

— Non, mais je trouverais, répondit-il avec détermination.

Parce que s'il trouvait ce que c'était et qui l'avait mis là, alors il pourrait peut-être trouver comment faire pour sauver Bo. Il ne pouvait se résoudre à abandonner cette idée. Il avait promis à sa mère de ne pas se mettre inutilement en danger, il n'avait pas promis de ne rien faire.

— En attendant, tu vas être obligée de rester avec moi, ajouta-t-il plus doucement.

Elle esquissa un sourire et lui rendit un regard plus chaleureux.

— Mais je suppose que tu vas devoir confié ma sécurité à quelqu'un d'autre... Tu es trop impliqué maintenant, dit elle amusée.

Elle embrassa doucement ses lèvres. Jusqu'à présent, il ne s'était rien passé si elle se contentait d'un baiser aussi sage.

A chaque fois, cela donnait à Quentin de délicieux frissons dans la colonne vertébrale et l'envie de prolonger ce baiser.

— Parce que tu sauras te retenir de frapper mes employés ?

Il n'avait aucune envie de rentrer, de retrouver son quotidien, de redevenir celui qu'il avait toujours été. Pour la première fois, il n'avait même pas envie de retourner au bureau et encore moins de traiter des affaires qui l'éloigneraient de ce qui était vraiment important. Il l'aurait bien emmenée avec lui, comme l'autre jour, mais Dimitri arrivait tout à l'heure.

— ça me fait penser que j'ai quelque chose pour toi dans la voiture.

— A l'arrière de ta voiture ? Demanda-t-elle avec amusement.

Elle reposa sa tête contre son épaule.

— Serre-moi un peu plus fort contre toi, murmura-t-elle.

— Tout ce que tu veux, fit-il en joignant le geste à la parole.

Enfin presque vu que ce qu'ils voulaient, ils ne pouvaient pas le faire pour le moment.

— Alors mon cadeau... C'est l'arrière de la BM ou pas ? Demanda-t-elle en soupirant d'aise.

— Pas cette fois.

Il l'embrassa sous l'oreille.

— Peut-être pour ton anniversaire.

Elle resta un long moment à regarder la mer, caressant simplement ses mains des siennes.

— Je peux revenir dormir dans ta chambre, cette nuit ?

Elle ajouta :

— Je vais devoir dire la vérité à Dimitri. Et je sais qu'il ne le prendra pas bien. Je ne sais même pas comment lui dire... Son père battait sa mère alors... Il va pas supporter.

— C'est ton frère, il finira par comprendre pourquoi tu ne lui as rien dit.

Mais Quentin comprenait que ce ne serait pas simple. Pour sa part, il avait eu tellement d'indices qu'il avait eu le temps d'appréhender la vérité. Dimitri allait prendre cela en pleine figure.

— Et tu viens dormir avec moi quand tu veux.

— Je ne supporte pas que Dimi souffre et cette fois... Ce sera à cause de moi. Mais il l'aurait tué... Et ça, je l'aurais pas supporté.

Elle soupira et glissa sa main sous son pull sur son ventre. Avec le vent, leurs mains étaient glacées.

— Dis-lui ça. ça, il le comprendra.

Il se demandait si Dimitri n'allait pas ramener Bo en Angleterre sans délai après avoir appris la vérité.

Elle soupira. Dimitri comprendrait mais d'abord il exploserait un mur, une vitre, un miroir. Elle était pareille.

— Il va casser des trucs chez toi.

Quentin n'avait pas pensé à ça.

— Je devrais peut-être vous mettre dans une zone d'isolement. C'est totalement insonorisé et il pourra casser ce qu'il veut... A condition que tu ne verrouille pas tout. Ou alors vous discutez de ça dans le loft d'Alexis.

Il était difficile de savoir s'il plaisantait ou pas.

— De toutes manières, je ne vois pas en quoi ça te dérange... Il y a déjà l'Audi d'Eric dans l'entrée, lui fit elle remarquer.

Son pouce caressa doucement sa main.

— J'avais oublié ça. Peut-être que Noé a réussi à s'en charger.

Mais il sentait que même dans ce cas, il allait en entendre parler.

Elle sourit.

— Je suis gelée... Si on marchait un peu. Et puis on pourrait aller prendre un café quelque part, proposa-t-elle.

Il se leva et l'aida à faire de même. Il épousseta son jean du sable et ils reprirent le chemin en sens inverse. Ils trouvèrent un café donnant sur la plage et prirent le temps de s'y réchauffer autour d'un chocolat chaud.
Il fut malheureusement temps de retourner à la voiture et de rentrer à Paris. La journée était passée à une vitesse folle et s'ils ne se mettaient pas en route, Dimitri arriverait à St Germain avant eux.

Bo lui proposa de conduire jusqu'à la région parisienne afin qu'il se reposa un peu. Elle lui laissa sa main entre deux péages et le poussa à lui raconter un peu plus ses années au collège et au lycée avec Ahmed.
Finalement, elle lui céda le volant un peu avant d'entrer dans les Yvelines, lui laissant volontiers les bouchons.

— Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? Demanda-t-elle alors qu'ils tombaient à nouveau dans un ralentissement.

Elle soupira en songeant qu'elle ne pourrait pas l'accompagner au bureau lundi.

— Il va falloir que je parle à Jo et Ahmed de ce qui est arrivé à Eric.

Il serra sa main dans la sienne.

— Tu n'as pas à t'en faire. Ils comprendront. Par contre, je ne sais pas encore si je dois en parler à ma mère pour le moment.

Il lui cachait tellement de choses sur cette affaire. Elle avait le droit de savoir ce qui était arrivé à Eric.

— Non... Je veux dire... On se verra encore tous les deux ? A part la nuit dans ta chambre ? Tu rentreras dîner cette semaine... Tu... On passera un peu de temps ensemble ? Je sais que j'aurai mon frère mais... J'ai envie de savoir ce que tu fais et de t'aider... autant que je puisse.

Elle soupira en regardant par la vitre. Elle avait tellement peur qu'ils perdent à nouveau cette proximité.

— Oh...

Il secoua la tête à sa propre méprise.

— Tu sais que mon emploi du temps n'est jamais fixe, que même quand je veux rentrer tôt, il arrive toujours quelque chose ou que je perds la notion du temps.

Il réfléchit un instant.

— Tu pourrais profiter de tes matinées tranquillement avec ton frère et venir me rejoindre pour déjeuner ou pour rester au bureau avec moi l'après-midi, comme l'autre jour. Reste à ce que Dimitri ne s'ennuie pas quand tu seras avec moi...

— Dimitri n'a jamais visité Paris. Même si on fait beaucoup de choses ensemble... Je pense qu'il aura besoin de digérer certaines choses. S'il peut faire des photographies en déambulant dans la capitale... Il sera bien.

Elle ajouta :

— Et ça se trouve, il ira s'acheter un nouvel appareil avec ce que la galerie à New York lui a donné.

— J'avais pensé l'aider à exposer ici. Ce n'est pas New York, mais je connais quelques galeries qui pourraient être intéressées.

Il précisa avant qu'elle ne réponde :

— Ce serait juste un coup de pouce. Je lui présente les galeristes, c'est tout. Je ne paye personne pour qu'il expose. J'ai déjà fait envoyer ses book pour qu'ils aient une idée de son travail.