Chapitre 12 - Dans la vie de Quentin, dans les rêves de Bo

Quentin voyait Bo dans son rêve. Même si elle ne se ressemblait pas tout à fait comme si elle avait une vision un peu faussé d'elle. Elle était devant une maison de poupée et elle essayait d'y faire rentrer un petit jouet représentant un lit mais il peinait à entrer.

— Je vais le faire comme ça on pourra l'utiliser ensuite, disait Connor en lui prenant des mains.

Il était entièrement nu mais ça semblait normal. Il essayait à son tour mais le lit bloquait.

— Je vais le faire, dit alors Eric en lui prenant des mains.

Lui aussi était complétement nu. Il n'obtint pas de meilleurs résultats. Finalement, Quentin arriva et poussa de la main la maison pour mettre à la place une belle et grosse maison de playmobile. Il prit le lit qui entra sans mal et tendit la main à Bo.

— J'ai gagné. Allons-y.


Il se réveilla en entendant son réveil sonnait faiblement. Les portes de leurs chambres étant restées ouvertes, il comprit que c'était le sien qui bippait. Il était une fois de plus au bord du lit mais Bo était toujours serrée contre lui. Sa jambe étant entre les siennes, il sentit qu'elle remontait un peu haut entre ses jambes.
Ses doigts s'étaient perdus sur sa nuque dans ses cheveux noirs, même si elle ne les tenait pas. Elle dormait paisiblement, poursuivant peut être ce rêve étrange remplis d'hommes nus.

Il bailla à s'en décrocher la machoire, les yeux encore ensommeillés, ce rêve étrange se délitant. Il avait du dormir trois heures en tout et pour tout. Il se serait bien rendormi, Bo contre lui, mais il ne pouvait pas se le permettre. Il était 6h30 et il avait dit qu'il emmènerait Noé au lycée avant de rejoindre DLS. S'il se souvenait de l'emploi du temps de son frère, il ne commençait pas avant 9h le vendredi, ce qui était une chance.

— Bo... Il est l'heure, dit-il doucement à son oreille.

— Non, murmura-t-elle en se serrant plus fort encore contre lui.

Quentin sentit le bord du lit se rapprocher dangereusement. Même si c'était peut être moins gênant que la manière dont la cuisse de Bo remonta un peu plus entre les siennes.

Il essaya de se dégager tout en faisant attention à ne pas basculer comme la veille, mais elle était bien serrée contre lui.

— Je ne t'emmène plus au bureau ?

— Plus tard... Il est trop tôt... Je fais un super rêve...

Elle soupira en sentant qu'il lui échappait puisqu'elle commençait à être bien réveillée. Elle écarta son visage de son cou pour le regarder.

— Plein d'hommes nus, de maisons et de lit de poupée. Apparemment, j'ai gagné. Je n'ose pas imaginer quoi cependant.

Il lui sourit doucement. Leur conversation de cette nuit était encore bien présente dans son esprit, mais il ne devait pas s'y attarder pour le moment. C'était difficile de toute façon vu leur position.

— Des choses qui visiblement te laisse de marbre, dit elle en baillant.

Elle redressa un peu la tête pour regarder l'heure.

— 6h30? T'es sérieux...

Elle laissa retomber sa tête et se recula un peu au milieu du lit mais l'attira à nouveau contre elle.

— On dort au moins une heure encore...

— Il faut qu'on parte à 7h45 dernier délai. On doit déposer Noé au lycée et être au bureau à 9h.

Il se dégagea cette fois, mais en douceur.

— Mais tu peux dormir encore un peu si tu veux. Je dois discuter avec mon frère.

Même si faire cela au saut du lit et au petit-déj ne l'enthousiasmait pas vraiment.

Elle le retint par le vêtement et le fit tomber sur elle.

— Aïeuh dit elle quand sa tête cogna la sienne.

Elle soupira.

— Laisse-moi deux minutes...

Il se frotta le front avec un sourire amusé.

— Essaye de ne pas me casser à peine réveillé.

Il s'allongea sur le dos et l'attira à son tour contre lui.

— Mon réveil re-sonnera dans 5 minutes.

— Cinq minutes... Voilà c'est mieux...

Elle reprit une bonne position et ferma les yeux. Elle détestait se lever d'un bond. Il lui fallait du temps. De la douceur.

— Mes cheveux, rappela-t-elle.

— S'il te plait, Quentin. Mais bien sûr, Bo, avec plaisir.

Mais il ne se fit pas vraiment prier, caressant doucement sa tête, descendant le long de ses cheveux pour passer sur ses épaules. Depuis quand n'avait-il pas pris le temps de se réveiller ainsi ?

— Ah ouais... Vraiment... Juste avec de la politesse ? Déshabille-moi Quentin, s'il te plait ? tenta-t-elle avec un léger sourire.

Elle avait gardé ses yeux fermés et ne bougeait pas d'un poil.

— Ah non, désolé. Sinon je ne serai toujours pas au bureau à l'heure et ça va bousiller toute ma crédibilité.

Déjà qu'entre son retard de la semaine dernière et son absence de mercredi, cela avait du faire jaser...

Elle se redressa en prenant appui de son bras sur son torse pour le regarder.

— Je crois que jamais de ma vie, je n'ai rencontré un mec qui me donne à ce point la sensation que je ressemble à...

Elle réfléchit un instant :

— Je sais même pas. Le truc le moins sexy de la planète sans être repoussant pour autant.

Elle l'enjamba pour se lever en baillant.

— Je vais devoir me rassurer et ce sera ta faute.

Elle chercha ses vêtements dans son sac.

Il avait mis son bras sur ses yeux en soupirant à sa remarque. Il ne voyait toujours ce qu'il avait fait de travers. Mais comme elle s'était levée, il fit de même.

— Te rassurer ? Et comment ?

Il allait tenir Olivier à distance aujourd'hui, ça, il en était sûr.

— En vérifiant que c'est juste toi que j'arrive pas à séduire, dit elle sur un ton badin.

Elle ne semblait pas vexée. Juste profondément perplexe.
Elle réfléchit entre deux hauts.

— Tu as promis d'être sage, je te rappelle.

Il regarda les vêtements qu'elle avait entre les mains et désigna celui de gauche.

— Celui-là me plaît.

Elle le garda et attrapa la veste qu'elle avait mis pour le repas de famille. Il put voir qu'elle avait aussi repris le pantalon.
Elle s'approcha de lui et lui sourit.

— Je serai sage. Je ne te gênerais pas dans ton travail. Je ne draguerais pas tes employés. Je devrais pouvoir trouver un inconnu dans la rue qui n'a rien avoir avec LSD ou la secte des sorciers caméléons fous, dit elle.

— D-L-S, la reprit-il en détachant chaque syllabe d'un ton amusé. De mon côté, je te promets de déjeuner avec toi et d'essayer qu'on ne rentre pas tard. Sauf si c'est indépendant de ma volonté évidemment.

Elle fit "non" de la tête avec un air désapprobateur.

— Ne promets rien. Dès que tu fous les pieds là bas, tu ne maitrises absolument plus la courbe du temps.

Elle le laissa pour aller dans la salle de bain.

Le pire était qu'il ne pouvait rien réfuter à cela. Il rejoignit sa chambre, et ramassa ses grimoires et le carnet qui trainaient. S'il avait avancé sur son sortilège, il ne l'avait pas encore terminé. Il faudrait qu'il fasse ça ce soir.
Après avoir pris sa douche, s'être rasé et habillé, il monta frapper à la porte de Noé. Son frère était réveillé, mais tout à fait prêt. Il lui rendit son sac à dos.

— Ne traîne pas, on t'attend pour petit-déjeuner dans 5 minutes.
— Et mon portable ?
— Ne pousse pas ta chance, Noé. 5 minutes.

Il le laissa là et descendit les étages pour rejoindre la salle à manger.

Bo était déjà installée en bas en face de Capucine. Elle avait non seulement mis la veste et le pantalon de la soirée avec le haut que Quentin avait choisi mais elle s'était en plus attaché les cheveux avec soin. Elle avait également laissé ses doc pour des petites bottines à talon.

— Mais si on avait pas d'employé, elle serait au chomage... C'est comme toi quand tu étais serveuse... Tu aurais préféré que les gens viennent se servir eux-même au comptoir.

Bo regarda Capucine.

— Ça se fait déjà à Mac do...
— Je ne sais pas, je n'y vais pas, dit la jeune femme en fronçant le nez rien qu'à l'idée de l'odeur de friture.

Quentin salua Capucine avant de s'installer. S'il avait mis un costume noir, il n'avait mis ni gilet, ni cravate. Il avait néanmoins cette dernière dans la poche de sa veste.

— Encore à essayer de nous priver d'Annie ? s'amusa-t-il.

Il aurait préféré que Capucine ne soit pas là ce matin, mais c'était toujours mieux que si c'était sa mère.

Bo montra sa place. Il y avait des pancakes, du bacon et des oeufs.

— Elle l'a fait avant moi ! dit elle outrée.

Elle avait pourtant prévu d'aller en cuisine pour ça.