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Chapitre 41 - Retour en Angleterre

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Message par Quentin de Lyonesse Ven 29 Jan - 20:52

Naturellement, sa main trouva la sienne et il l'entraina vers la cuisine.

— J'ai suivi la recette à la lettre.

Il tira la chaise pour la laisser s'asseoir et servit deux verres de vin blanc avant de sortir le repas du four. Il regarda le poisson d'un air critique, espérant qu'il ne serait pas trop cuit.
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Message par Bo Hendricks Dim 31 Jan - 11:18

Ils dinèrent en tête à tête. Le calme de la maison, l'intimité qu'ils avaient était quelque chose de nouveau, les ramenant à la soirée qu'ils avaient passé ensemble à Etretat. Tant de choses s'étaient passés depuis.
Les jours qui suivirent, oscillèrent entre des moments ainsi et d'autres plus rythmés. Il y eut de nombreux dîner avec Gills et sa compagne, avec les jumeaux et Dimitri où pour la seconde fois de sa vie Quentin se retrouva à vomir la tête au-dessus des toilettes dans leur petite maison. Bo lui promit qu'il n'aurait plus jamais à boire autant. Puis il y eut un déjeuner dans un grand restaurant à Bristol avec Irina. Ce fut sûrement le plus pénible pour lui au final et il écopa malgré tout d'une main aux fesses au moment de régler l'addition. Bo s'amusant à dire qu'elle n'avait rien vu avec une mauvaise foi évidente.
Elle l'emmena souvent en mer, que ce soit en bateau ou grâce à sa magie où elle creusait des sillons sous les vagues pour qu'ils puissent marcher. Elle reprit également le dessin mais pour des aquarelles plus vaporeuse, évoquant dans l'amalgame des couleurs leurs magies, le monde qu'ils construisaient. Installée sur la terrasse pendant que Quentin lisait, ces moments étaient les plus doux qu'elle eut jamais connu.
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Message par Quentin de Lyonesse Dim 31 Jan - 20:47

Quentin n'avait jamais autant profité de chaque instant de sa vie avant cela. Il n'avait jamais connu non plus pareille intimité avec quelqu'un. Simplement vivre avec Bo était magique et sa vie parisienne ne lui manquait pas, DLS non plus. Personne ne lui donnait de toute façon l'occasion de penser à la société familiale et à tout ce qui se passait là-bas. Gwen et les autres s'occupaient de tout et n'avaient pas hésité à le lui rappeler s'il s'était hasardé à vouloir rester au courant, ce qui n'avait pas duré.
S'il découvrait avec bonheur l'univers de Bo, la jeune femme avait l'occasion de le voir changer à son contact. Sans les responsabilités écrasantes de DLS ou de la sécurité des siens, loin de son quotidien réglé comme du papier à musique, Quentin était plus détendu, plus souriant. Il appréciait tout particulièrement les sorties en mer, mais ce qu'il préférait était simplement d'observer Bo, qu'elle dessine, qu'elle rit à une blague des jumeaux ou qu'elle soit dans ses bras.
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Message par Quentin de Lyonesse Lun 26 Avr - 22:19

— Voyons voir si je peux te laisser seul en cuisine, dit-elle en s'écartant pour lui sourire.

Naturellement, sa main trouva la sienne et il l'entraina vers la cuisine.

— J'ai suivi la recette à la lettre.

Il tira la chaise pour la laisser s'asseoir et servit deux verres de vin blanc avant de sortir le repas du four. Il regarda le poisson d'un air critique, espérant qu'il ne serait pas trop cuit.
Ils dinèrent en tête à tête. Le calme de la maison, l'intimité qu'ils avaient était quelque chose de nouveau, les ramenant à la soirée qu'ils avaient passé ensemble à Etretat. Tant de choses s'étaient passés depuis.

***

Vingt-sept. C’était le nombre de jours qu’ils avaient pu passer ensemble avant que Capucine ne les prévienne de l’arrivée imminente de Syf.
Ces vingt-sept petits jours avaient oscillé entre calme, intimité et des moments plus rythmés. Il y avait eu de nombreux dîners avec Gills et sa compagne. Un autre avec les jumeaux et Dimitri où, pour la seconde fois de sa vie, Quentin s’était retrouvé à vomir la tête au-dessus des toilettes dans leur petite maison et où Bo lui promit alors qu'il n'aurait plus jamais à boire autant. Puis il y avait eu un déjeuner dans un grand restaurant à Bristol avec Irina. Finalement, ce fut sûrement le moment le plus pénible pour Quentin qui écopa malgré tout d'une main aux fesses au moment de régler l'addition, Bo s'amusant à dire qu'elle n'avait rien vu avec une mauvaise foi évidente.
La jeune femme l'avait également emmené souvent en mer, que ce soit en bateau ou grâce à sa magie où elle creusait des sillons sous les vagues pour qu'ils puissent marcher. Quentin appréciait tout particulièrement ces instants-là, où ils n’étaient que tous les deux et où il pouvait observer Bo au plus près de son élément. Parfois, on aurait pu les prendre pour deux gamins jouant sur le sable, lui à monter des pyramides de galets, elle guidant la mer et les vagues pour les submerger ou les faire tomber.
Bo reprit le dessin mais pour des aquarelles plus vaporeuses, évoquant dans l'amalgame des couleurs leurs magies, le monde qu'ils construisaient. Installée sur la terrasse pendant que Quentin lisait, ces moments étaient les plus doux qu'elle eut jamais connu et il en était de même pour lui. Cette intimité était nouvelle et il en savourait chaque instant comme jamais. Simplement vivre avec Bo était magique et sa vie parisienne ne lui manquait pas, DLS et ses responsabilités écrasantes non plus. Rien ne comptait que Bo, être à ses côtés, l’observer peindre ou simplement la garder contre lui. Chaque seconde de leur temps ensemble, chaque souvenir étaient précieux car personne n’oubliait que Bo était en sursis.
Quentin avait cherché dans le Grimoire des Huldres une solution pour que Bo conserve sa mémoire, il avait imaginé tout un tas de sortilèges, mais s’il aurait pu copier les souvenirs de la jeune femme dans un artefact pour les conserver, ce ne serait que cela : une copie sans âme. Bo pourrait revoir des images au même titre que les photos et les vidéos qu’ils prenaient sans cesse, mais les sentiments, les émotions… tout cela se serait évanoui. La préparation d’un tel sortilège lui aurait pris tellement de temps qu’ils avaient finalement décidé de laisser tomber pour profiter de chaque journée au maximum. Il y avait encore eu des sorties, des barbecues chez les Hendricks, des promenades et ils avaient même visité une ou deux maisons en vente juste pour le plaisir. Surtout, ils s’étaient mariés.

— Il faut qu’on y aille.

Bo releva les yeux vers Quentin, le dos collé contre lui. Elle avait voulu regarder la mer une dernière fois avant de rejoindre le salon et entendre comment Syf allait s’y prendre pour lui extirper les Lumières du ventre et la rendre amnésique. Les mots étaient inutiles entre eux. Ils s’étaient déjà tout dit et même plus.
Bo prit son courage à deux mains et se raccrocha à la main ferme de Quentin. A cet instant, il était réellement le roc sur lequel elle pouvait s’appuyer malgré ses propres doutes et ses propres angoisses à la perdre. Il lui sourit doucement et ils rentrèrent.
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Message par Quentin de Lyonesse Lun 3 Mai - 12:05

Le salon n’avait jamais paru aussi petit et pas seulement parce que cinq personnes les y attendaient. La présence des Huldres était presque écrasante. Malgré leurs apparences humaines, leurs physiques et attitudes aussi disparates que possible, on ne pouvait se méprendre sur l’aura particulière que chacun dégageait. Le spectacle était tout de même étrange et certainement inédit. Par le passé, il avait sans doute été très rare, peut-être exceptionnel, que trois Huldres soient réunis au même endroit face à deux changelins.
Apoh était debout près de la fenêtre, possédant toujours cet homme aux traits communs et un peu rustres qu’était son hôte basque. Il paraissait aussi à l’aise qu’un crabe plongé dans une marmite d’eau frémissante. Au vu de leur précédente rencontre, il devait se demander comment il s’était retrouvé dans cette galère et, surtout, quand il allait en sortir.
Nhill était assis dans le canapé, toujours dans la peau d’Ewen, et il avait fait l’effort de mettre une chemise, même si elle était ouverte sur son torse nu, ses longs cheveux roux cascadant sur ses épaules. Contrairement au Créateur de Quentin, il avait presque l’air ravi d’être là.
Enfin, il y avait Syf, installée dans l’unique fauteuil comme s’il s’agissait d’un trône, à bonne distance de Nhill. En la voyant là, parfaitement droite, le port de tête altier, avec l’air de sortir d’une toile de Maître, il était évident que Capucine était l’hôte idéal pour elle. Tout ce que la Française était – belle, élégante, soignée, classieuse… - , l’Huldre le sublimait. Voir Syf dans son nouvel hôte, c’était regarder Capucine puissance 10 000, le regard supérieur inclus.
Le plus surprenant dans ce tableau était certainement Gills Hendricks servant thé et café aux invités. Le père de Bo avait tenu à être présent pour sa flle, tout comme Dimitri, et pour tenter de dissimuler son angoisse et sa nervosité avait décidé de se rendre utile et de se montrer poli.

— Merci d’être venus, fit Bo de la voix la plus assurée possible.

Elle serra un peu plus la main de Quentin, ce que ne manqua pas de remarquer Syf. L’Huldre examina sa création d’un œil critique : il était grand temps d’ôter les Lumières du Nord. L’ombre-cœur de Bo ne tiendrait pas quelques jours de plus. C’était un miracle qu’elle soit toujours intacte.

— Nous allons procéder sans tarder, énonça-t-elle en essayant de ne pas se montrer trop abrupte.

Un bruit de porcelaine s’entrechoquant l’interrompit.

— Excusez-moi…

Gills avait manqué de faire tomber la théière. Dimitri la lui prit des mains et tira une chaise pour qu’il s’assoie. Lui-même n’en menait pas large. Se résigner à la situation avait été difficile. Accepter qu’il ne puisse rien y faire encore plus.

— Avez-vous trouvé un moyen de préserver la mémoire de Bo ? demanda Quentin.
— Malheureusement, non. Si j’avais eu plus de temps peut-être…

A cause des actes inconsidérés de Nhill, elle en avait cruellement manqué et elle n’avait pu que se concentrer sur le plus urgent. Tout aurait été plus facile si la sœur de l’ombre-cœur de Bo n’avait pas disparu de son jardin ! Il était toutefois inutile d’y penser. Ce malheureux incident était arrivé de nombreux cycles plus tôt, alors qu’elle s’était absentée pour créer la changelin.

— La bonne nouvelle, c’est que j’ai pris soin des ombres que Nhill a essayé de bouturer, continua-t-elle sans cacher ce qu’elle pensait de la tentative de l’Huldre. Elles s’acclimatent très bien dans mon jardin et gagnent en force. Elles pourront être réimplantées rapidement.

D’un geste délicat et plein de grâce, elle désigna une boite noire sur la table basse.

— L’extraction des Lumières sera plus délicat, mais grâce au jeune Noé, nous avons le réceptacle. Etes-vous prête ?
— Non… Mais cela n’a aucune importance.

Le regard de Bo glissa sur son père et son frère. Elle s’en voulait de leur faire subir cela. Il aurait peut-être été préférable qu’ils n’assistent pas à cela, mais d’un autre côté, elle était soulagée qu’ils soient à ses côtés.

— Je suis là, Bo, fit Dimitri. On est là.

Elle lui sourit tristement. Ces dernières semaines, ils avaient beaucoup parlé. Si Quentin était son roc, Dimitri était son ancre, mais elle craignait ce qu’il allait advenir de lui le temps qu’elle se réveille. Si la situation était inversée, elle ne l’aurait pas supporté.
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Message par Quentin de Lyonesse Lun 3 Mai - 12:08

— Dimitri est indispensable pour la seconde phase, précisa Syf. Nous en avons déjà parlé ensemble sur la route de l’aéroport.
— Bon diou, tout ça, c’est de la folie, soupira Apoh en français avec son accent du terroir.
— Quand nous aurons récupéré les Lumières, il faudra leur donner le grimoire, crut bon d’intervenir Nhill.
— Hors de question.

Quentin était on ne peut plus sérieux en regardant Nhill.

— Comment ça « hors de question » ? Il doit être détruit, nous l’avions conv…
— Non. Bo et moi avons pris notre décision : les ombres du grimoire doivent être sauvées et préservées.
— Faire disparaitre les preuves ne ferait pas disparaitre le crime, trancha Syf en dardant un regard accusateur sur Nhill.

L’Huldre fut incapable de répondre. Ainsi, elle avait deviné qui était l’auteur du grimoire. Il n’aurait pas dû en être étonné.

— Le grimoire leur appartient, décréta-t-elle d’un ton péremptoire ne souffrant plus d’aucune discussion.

Les deux changelins avaient pleinement conscience des ravages que pouvait causer cet ouvrage entre de mauvaises mains. Ils le cacheraient et veilleraient à ce qu’il ne retombe pas dans les sales pattes d’humains ignorants. Syf était également curieuse de voir ce qu’ils en feraient. Ce qu’ils avaient dit sur les ombres qui le composaient, sur celles que le Fou avait souillé et perverti l’avait profondément touchée, elle qui les aimait plus que tout. Ils avaient déjà réussi à aider la petite chose difforme en pierre créée par Gauthier, elle l’avait vu dans l’esprit de Capucine, peut-être pourraient-ils réussir avec les autres ?

— Et les Lumières leur seront confiées, je l’ai décidé.
— Syf ! Non ! protesta vigoureusement Apoh, proprement scandalisé.
— Assez, l’interrompit-elle en écartant le sujet d’un geste de la main. Nous n’avons pas de temps à perdre.

Apoh maugréa que c’était un scandale, qu’ils le paieraient cher et qu’il n’aurait jamais dû accepter de venir. En réponse, Syf eut un claquement de langue agacée. Apoh était peut-être plus fréquentable que Nhill, sa rigidité ne le rendait pas plus agréable.
Elle fit signe à Nhill de se pousser du canapé pour que Bo puisse s’y allonger, la tête sur les genoux de Quentin. Celui-ci lui tenait la main et ne comptait pas la lâcher.

— C’est dangereux pour toi, murmura-t-elle en vrillant son regard au sien.
— C’est pour ça qu’Apoh est là, expliqua Syf en s’asseyant à côté d’elle.

Nhill ouvrit la boite pour en sortir le réceptacle ramené par Miu. Il était littéralement captivé par ce qu’il tenait entre les mains, se demandant encore où la démone l’avait déniché. Evidemment, s’il en avait eu connaissance avant, il n’aurait pas eu à cacher les Lumières dans la dernière œuvre d’art de Syf au risque de se faire énucléer.

— C’est joli, souffla Bo.

La future cage des Lumières du Nord tenait plus de l’œuvre d’art que de la prison. Bo était bien incapable de deviner si elle était faite d’un métal inconnu ou s’il s’agissait d’un végétal, mais elle ressemblait à un lotus aux pétales d’un noir profond comme la nuit et brillant de mille feux. Dimitri se fit la réflexion qu’on avait du emprisonner un ciel étoilé pour la façonner et malgré la gravité de la situation, il trouvait cela magnifique. Le réceptacle aurait tout naturellement eu sa place dans les dessins de sa sœur.

— Bien. Allons-y, dit Syf en se concentrant.
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Message par Quentin de Lyonesse Lun 3 Mai - 12:20

***

Quentin avait plongé en Bo comme il l’avait si souvent fait ces dernières semaines. La différence était qu’il avait remisé ses émotions loin en lui au profit de son efficacité légendaire. Il ne pouvait pas se permettre de laisser affleurer le doute et l’angoisse. Il ne pouvait pas refaire cette erreur alors que Bo comptait sur lui.
Cela n’avait pourtant pas été facile d’enfermer ses émotions comme il l’avait toujours fait avant de la rencontrer. Bo l’avait changé profondément en si peu de temps et lui cacher ce qu’il ressentait était à peine supportable après avoir tant partagé. Cependant, il avait une mission, certainement la plus importante de toute son existence : il devait protéger l’ombre-cœur de Bo alors que Syf extrayait les Lumières. L’Huldre ne pouvait pas faire les deux en même temps. Ôter les Lumières du Nor requérait une précision extrême et une totale concentration. Toute son attention et son énergie y étaient consacrées. Calmer et protéger le peu d’ombres restantes à Bo ne ferait que la distraire. De toute façon, Quentin représentait à leurs yeux tout ce qu’il y avait de plus rassurant et stable.
Les ombres du jeune homme avaient rassemblé celles de Bo le plus loin possible des Lumières. Elles les entouraient comme un cocon, puisant leurs forces en plein dans l’ombre-cœur de Quentin comme jamais auparavant. Bo ne sentait plus que la présence de l’homme qu’elle aimait. Sa conscience bien à l’abri avec ses ombres, elle se laissait bercer par sa force et son assurance. Ici, elle était en sécurité.

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Message par Quentin de Lyonesse Lun 3 Mai - 12:56

***
Capucine n’aurait jamais imaginé assister à un tel spectacle un jour. Pourtant, elle avait vu beaucoup de choses dans sa vie aux côtés d’Eric, mais les rituels millénaires, les sorciers retors et les démons n’étaient rien en comparaison de la puissance de Syf et de la nature de sa magie.
Pour une raison qui lui échappait, l’Huldre avait décidé de la laisser pleinement consciente pendant qu’elle travaillait sur les Lumières du Nord et Capucine vivait l’opération aux premières loges.
D’abord, il y avait eu le changement de vision du corps de Bo. Au travers des yeux de Syf, la jeune femme pouvait contempler la réelle structure de la changelin et elle avait bien conscience qu’il s’agissait là d’un honneur, d’une grâce offerte par l’Huldre car peu, sinon aucun, humain avant elle n’avait eu ce privilège. C’était tout simplement fascinant et elle regretta de ne pouvoir prendre des notes. Aussitôt, elle pensa que Noé aurait été complètement survolté en voyant le spectacle merveilleux qu’elle avait devant les yeux, mais le jeune homme était bien loin de tout cela pour l’instant. Elle écarta cette pensée qui en amènerait d’autres des plus désagréables. Syf s’était engagée à l’aider à régler le problème « Miu » une fois Bo sauvée. Capucine devait donc patienter encore un peu et se concentrer sur la chance qui lui était offerte.
La Française avait entendu Nhill et Syf parler des changelins comme de véritables œuvres d’art et elle avait toujours pensé qu’ils exagéraient, surtout au sujet de Bo, qui ne ressemblait pas à grand-chose, et de Quentin, qui ne devait son physique qu’aux gênes des de Lyonesse. Elle devait pourtant reconnaître qu’elle s’était trompée. Capucine aurait bien été en peine de décrire avec exactitude la structure de Bo, entre le tissage formant cette enveloppe d’apparence humaine et les différentes couches qui composaient son être. Alors que Syf les écartait les unes après les autres pour accéder aux Lumières, la jeune femme crut voir un instant la magie pure qui maintenait le tout en place. Elle n’eut pas le temps de s’y attarder qu’elle vit le sable, la mer et un coquillage à nul autre pareil. Assurément, il n’était pas de ce monde, ou il en avait disparu depuis longtemps. Même le bleu de sa nacre n’existait pas sur Terre.
Oui. Pour la première fois, Capucine reconnut que Bo Hendricks était bien le chef d’œuvre de Syf. Du moins structurellement parlant. Pour le reste, elle serait toujours cette petite Anglaise sans charme, ni éducation. Le contraste était aussi malheureux que saisissant. Syf méritait beaucoup mieux.
Une lueur vive interrompit ses réflexions : les Lumières du Nord. Encore une fois, Capucine se rendit compte de combien le vocabulaire humain était limité quand l fallait décrire une pareille merveille. C’était un spectacle unique, majestueux… et c’était totalement emmêlé à la structure de Bo, la rongeant peu à peu. Même avec sa compréhension humaine, la jeune femme ne pouvait que saisir qu’il était presque miraculeux que Bo ne se soit pas dissoute avant aujourd’hui.

L’extraction commença enfin. Les mouvements de Syf étaient lents, calculés et précis. L’intensité des Lumières avait été baissée au maximum, mais cela n’avait pas endigué leur dangerosité. A l’état de la structure, Capucine ne serait pas étonnée que le canapé soit recouvert de plus en plus de sable. Cela devait paniquer Dimitri et son père.
L’extraction sembla durer des heures au vu de la complexité du travail. Au bout d’interminables efforts, Syf rompit enfin le dernier lien entre les Lumières et Bo.

— Nhill.

La voix de l’Huldre rompit le silence pesant dans la pièce, faisant sursauter les Hendricks. Malgré tout, Dimitri approcha pour contempler ce qui tuait sa sœur. Capucine le vit tourner un regard assassin vers Nhill qui approchait le réceptacle. Syf tenait les Lumières dans ses mains en coupe avec précaution et un infini respect. Il y avait peu encore, l’Huldre considérait cette magie comme sacrée. Pourtant, pour le salut de Bo, elle avait renié cette croyance.
La fleur étrange que tenait Nhill changea de couleur dans un chatoiement. De noirs, ses pétales virèrent au cuivre tirant sur le rose ou l’or selon l’angle. Ils s’écartèrent et s’allongèrent pour former un berceau totalement adapté aux Lumières. Syf les y déposa délicatement. Les pétales se rabattirent vers le haut, le réceptacle ressemblant désormais à un bourgeon pointant vers le haut. Ils tamisaient grandement l’intensité des Lumières, les rendant inoffensives pour les Changelins.

— Oh la la la la, mais quel travail, soupira Apoh en mettant les mains sur les épaules de Quentin.

Le jeune homme était très pâle, mais il n’avait pas bougé d’un pouce, pas plus que ses ombres. Il en avait certainement perdu quelques-unes pour être dans cet état lamentable.

— Répare-le donc, ordonna Syf. Nous n’avons pas encore terminé.

***
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Message par Quentin de Lyonesse Sam 8 Mai - 19:22

Les pieds nus plantés dans le sable, Dimitri laissait les vagues venir lui tremper les chevilles à intervalles réguliers. Il ne savait pas comment il avait atterri ici, mais il était certain que ce paysage surprenant n’existait pas sur Terre.

— C’est joli, hein ?

Bo glissa sa main dans la sienne. De l’autre, elle était cramponnée à Quentin, comme d’habitude. Cela faisait toujours aussi mal à Dimitri bien qu’il ait fini par comprendre qu’il n’y pouvait rien. Son tout nouveau beau-frère avait cet air impassible d’avant, mais alors que Bo le regardait lui, le jeune homme vit combien ce moment était douloureux et insupportable pour Quentin.

— C’est ta magie qui fait ça ? demanda-t-il à sa sœur.
— La nôtre, corrigea-t-elle en s’efforçant de sourire.
— C’est pas si mal pour un Pays Imaginaire.

Faire bonne figure était difficile. Dans quelques instants, Bo, sa sœur, sa petite fée, sa Tinkerbo, ne serait plus qu’une coquille vide.

— Tu te souviens de ce que tu m’as promis ?
— Je suis pas un demeuré, je te rappelle.

Bo lui sourit avec tendresse. Elle n’avait aucun mal à sentir la détresse de son frère. Elle faisait écho à la sienne, à celle de leur père, à celle de Quentin. Elle s’inquiétait pour Dimitri. Elle le connaissait si bien qu’elle devinait presque ce qu’il ferait sans elle. Leur père, les jumeaux, toute la famille serait là pour lui, mais il avait cette fâcheuse tendance à se rouler en boule et à sortir les piquants quand il n’allait pas bien, à ne laisser personne s’approcher. A part elle, mais elle ne serait plus là.

— Ça va, ça va. J’ai promis, répondit-il dans un soupir, devinant ce à quoi elle pensait.

Il glissa un coup d’œil vers Quentin qui regardait l’horizon, leur laissant ce moment. Oui, il avait promis qu’il ne haïrait pas son beau-frère, qu’il essayerait de ne pas le tenir responsable de tout ce qui arrivait et, surtout, si jamais elle ne réveillait pas. Quentin s’en voudrait déjà tellement tout seul qu’il serait inutile qu’il en fasse l’ennemi n°1. Si Dimitri voulait haïr quelqu’un, que ce soit Nhill, Gauthier n’étant plus disponible.

— Tu sais, Syf a dit que comme tu étais mon modèle, je te reconnaîtrais probablement à mon réveil. T’as intérêt à vivre ta vie à fond tant que je dormirais parce qu’après, j’aurai besoin de toi pour tout réapprendre.

Bo tira sur le bras de son frère pour qu’il se penche et plaqua à un baiser sur sa joue.

— Toi non plus, tu n’as pas oublié ta promesse ? fit-elle en se tournant vers Quentin.
— Je ne suis pas plus demeuré que ton frère, répondit-il avec un sourire un peu forcé.
— C’est bien. Parce que vous êtes les deux personnes que j’aime le plus au monde et je veux que vous ne soyez pas trop malheureux sans moi.

La jeune femme ne souhaitait pas qu’ils se déchirent à cause d’elle. Elle n’espérait pas vraiment qu’ils deviennent les meilleurs amis du monde en son absence, mais s’ils pouvaient au moins compter l’un sur l’autre en attendant son retour, ce serait déjà bien.
Elle ne se faisait pas trop de souci concernant Quentin. « La famille avant tout » restait bien ancré en lui, et les Hendricks étaient désormais la sienne, et pas simplement parce qu’il avait pris leur nom en l’épousant. Gills l’appréciait réellement, les jumeaux le vannaient, les femmes du clan l’encensaient presque et sa grand-mère avait décidé de lui tricoter un pull chaud pour l’hiver prochain. En trois semaines, il était devenu un membre à part entière de la famille. Il serait là pour eux et l’inverse serait vrai, à condition qu’il les laisse faire. Elle craignait tant qu’il reprenne ses vieilles habitudes et se retranche à nouveau derrière cette façade froide et sans émotion. Après tout le travail qu’elle avait fourni pour le sortir de là, ce serait du gâchis.

— Ça y est cette fois, énonça-t-elle avec angoisse.

Elle serra plus fort encore leurs mains, chacun fixant l’horizon. Personne ne répondit. Il n’y avait rien à dire, aucune parole n’aurait été rassurante.
Des tâches noires étaient apparues dans le ciel, brisant l’harmonie. Cela rappelait à Bo quand elle faisait tomber une goutte d’encre noire sur ses aquarelles et qu’elle s’étalait inexorablement, grignotant les couleurs. Les tâches envahirent le ciel, la mer, puis les galets, les rochers… Nhill avait été chargé de maintenir cette dimension qu’il avait créée pour eux, mais il n’était pas certain d’y parvenir. Jusqu’au bout, l’Huldre n’aurait pas servi à grand-chose. De toute façon, Bo ne voulait pas que Quentin se réfugie seul ici pour chercher son souvenir. Cela aurait été bien trop triste.
Dimitri se raccrocha encore un peu plus à sa main, puis disparut. Syf l’avait ramené auprès d’elle pour qu’il accomplisse la tâche qu’elle lui avait confiée, la plus importante : extraire l’ombre-cœur lui-même, leur lien de modèle et d’écho devant éviter un plus grand traumatisme qui mettrait en péril le succès de l’opération.
Aussitôt, Quentin prit Bo dans ses bras pour juguler son angoisse au maximum. Autour d’eux, leur refuge disparaissait petit à petit, effacé inexorablement alors qu’au dehors, l’ombre-cœur de la changelin était séparée de sa structure et de son corps humain.

— Bo… On se retrouvera, toi et moi, fit Quentin en caressant doucement son visage.

Pour toute réponse, elle se jeta sur ses lèvres pour l’embrasser. Syf lui avait assuré que leur lien, leur connexion, leur amour survivraient à son amnésie, mais peut-être que si son esprit oubliait Quentin, son corps se souviendrait de ce baiser et de tous ceux qu’ils avaient échangés ? Elle voulait y croire. Elle ne voulait pas le lais…

Quentin se retrouva brutalement seul dans un paysage ravagé.
Bo n’était plus là. En lui ne subsistait que ce même vide qui morcelait leur plage idyllique.
Bo n’était plus là. Il se laissa tomber à genoux dans un grand cri de douleur et de frustration mêlées. Au cours de sa vie, il s’était souvent senti seul, mais ce qu’il ressentait maintenant que Bo avait disparu était sans commune mesure.
Bo n’était plus là. Il était amputé d’une partie de lui-même et il ignorait s’il allait pouvoir s’en relever.

— Attention ! Elle est extrêmement fragile !
— Mais vous croyez que je fais quoi, là ? Putain de merde !

Quentin rebascula dans le salon, les éclats de voix le faisant presque sursauter. Il tenait Bo contre lui comme si quelqu’un s’apprêtait à la lui voler. Le canapé était recouvert de plus de sable encore que tout à l’heure. Au-dessus d’eux, Syf houspillait Dimitri qui jurait. Une ombre se blottissait contre lui, comme un chaton tremblant de froid. Le jeune homme était livide et ne quittait pas l’ombre-cœur des yeux, craignant qu’elle ne s’évanouisse. Elle était si petite, si fine…

— Donnez-la moi maintenant, fit Syf avec empressement.
— Non, je…

Dimitri tenait littéralement la vie et l’âme de sa sœur entre ses mains. Il se sentait incapable de la lâcher.

— Je vous emmène au cromlech, intervint Nhill. Laisse-le la garder jusque-là.

Syf capitula malgré elle. Il lui aurait été facile de forcer Dimitri à lui confier l’ombre-cœur, mais elle n’en fit rien. Elle ne voulait pas causer de traumatisme supplémentaire à cette petite ombre déjà bien mal en point.
L’Huldre regarda finalement Quentin et Capucine fut frappée par un souvenir ancien revenant à la mémoire de Syf : une île submergée par les eaux, la terre se morcelant et se soulevant avant de s’effondrer, des bâtiments antiques s’écroulant au milieu des éclairs, des geysers et des cris, et un changelin inconsolable au cœur du désastre.

— Elle n’est pas morte, Quentin, lui rappela l’Huldre qui ne souhaitait pas qu’une telle chose se reproduise. Elle vous reviendra. Soyez patient.

Elle quitta la pièce sur ces paroles, suivie de ses compagnons et de Dimitri, tenant toujours l’ombre-cœur avec mille précautions.
A peine la porte d’entrée refermée, Gills s’assit sur le bord du canapé pour prendre la main de sa fille dans la sienne. Bo était totalement inerte, mais elle respirait, même si c’était très faiblement. Son visage était apaisé et si ce n’était son extrême lividité, elle paraissait simplement dormir. Après une hésitation, il posa son autre main sur le bras de Quentin qui sembla s’apercevoir de sa présence.

— Tout va bien se passer, fils, lui assura-t-il en le regardant dans les yeux. Elle survivra et elle nous reviendra.

Le jeune homme finit par hocher la tête. Il était reconnaissant que Gills tente de le rassurer alors que lui-même devait être sous le choc.

— Oui, nous la retrouverons bientôt, murmura-t-il en réponse.

Gills se leva et sortit à son tour. En refermant la porte, il aperçut Quentin poser son front contre celui de Bo pour lui murmurer quelque chose. Des paroles d’amour, très certainement. Il ne s’attarda pas et s’assit lourdement sur le perron avant de se laisser aller à pleurer. Bo n’était plus là et ils allaient devoir apprendre à vivre sans elle. Il priait pour qu’ils y arrivent tous.
Quentin de Lyonesse
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