Chapitre 35- Clémentine

— Oh, c'est très drôle.

Mais il était plus amusé que gêné à ce souvenir maintenant. Ce serait peut-être différent s'il se retrouvait à nouveau face à Anaïs, mais là, il pouvait en rire avec Capucine.
Il lui vola un baiser et la fit reculer jusqu'à la porte.

— Elle a un grand lit, je crois, non ?

— Bien sûr... Mais c'est notre cas à toutes... Quoique celui de ma grand-mère a peut être le dos et les jambes qui se relèvent...

Elle attrapa le tissu de son tee-shirt pour l'attirer contre elle alors que son dos heurtait doucement la porte. Elle ne savait pas comment il était possible de le trouver si attirant alors qu'il avait malgré tout encore un côté tellement gamin. Il était tellement loin des hommes avec qui elle avait pu avoir une histoire.

— On pourra essayer d'autres choses cette nuit. Il y a encore d'autres positions qu'on a pas eu le temps d'aborder, murmura-t-elle.

— Tout ce que tu veux, murmura-t-il en glissant ses mains sous sa robe.

Il avait bien des idées en tête et très envie de les mettre en pratique avec elle. Il ne craignait pas qu'elle dise non ou soit choquée par ses envies. Avec elle, tout était possible.

— Fais nous entrer ou je commence tout de suite contre la porte, s'amusa-t-il en l'embrassant.

— Commence s'il te plait, murmura-t-elle en gardant ses lèvres près des siennes.

De toutes manières, elle n'avait pas fermé la clé en partant. C'était inutile ici. Ils affrontaient de toutes manières bien pire que de simple cambrioleurs depuis quelques temps.

Le jeune homme sentit son sang bouillonner à son ton. Il l'embrassa avec plus d'avidité, la plaquant un peu plus contre la porte. D'une main, il s'empara de sa poitrine alors que l'autre se glissait entre ses cuisses.

Ses mains repartirent en quête de sa peau alors qu'elle répondait à ses baisers avec fougue. Quand elle écarta ses lèvres, ce fut pour murmurer plusieurs fois son prénom alors que ses doigts glissaient dans ses cheveux. Elle aimait sentir combien il pouvait lui aussi désirer ce contact entre eux. Comme si rien ne pouvait faire faiblir cela.

L'entendre l'appeler ne faisait qu'attiser son désir, comme à chaque fois. Il s'attarda un peu plus au creux de son intimité pour la faire frémir alors que ses lèvres s'aventuraient dans son cou. Elle l'entendit murmurer "ma Capucine" à plusieurs reprises avec ce petit ton empreint de possessivité qu'il n'avait qu'avec elle.
Quand il sentit son souffle se faire plus court, sa main quitta la chaleur entre ses cuisses et il la souleva contre lui. C'était peut-être un peu acrobatique, mais aidé par la porte, cela lui donnait un peu plus de latitude pour écarter le décolleté de sa robe et parcourir sa poitrine de sa bouche.

Capucine etouffa un gémissement. Tendue par ce qu'il était entrain de faire et un peu frustrée qu'il se soit arrêté alors qu'elle sentait ses reins s'échauffer.

— J'ai envie de toi, murmura-t-elle. Maintenant.

Elle se fichait bien à cet instant que le vieux Pellagro sorte sont ridicule basset et passe devant la villa. Elle ne doutait pas que cela rendrait de toutes manières sa promenade quotidienne beaucoup plus surprenante que d'habitude.

Je peux ne pas être là mais te parler dans ton esprit. Juste histoire de te pourrir la vie tu sais.

La voix de Miu s'était fait une place dans son esprit. Elle avait déjà utilisé la télépathie ces derniers jours. Cependant cette fois, il sentit que c'était lointain et même que cela devait lui demander un effort. Peut être à cause de la proximité de Capucine et son pouvoir unique bloquant la magie.

Capucine l'entendit grogner, mais elle put croire que c'était parce qu'il se débattait avec la ceinture de son jean dans son empressement.

Va te faire foutre, pensa-t-il sans savoir si elle pouvait le percevoir.

Pour faire bonne mesure, il embrassa Capucine un peu plus brutalement. Se raccrocher à elle, aux sensations qu'elle déclenchait en lui serait un bon moyen pour oublier la démone. Même si une part de lui, assez lointaine sur le moment, regrettait déjà ses paroles.

Il sentit la colère de Miu. La réponse tarda cependant à venir et plus faiblement encore, générant un peu plus de frustration.

— Si tu me manques encore de respect, je t'assure que tu n'auras que tes yeux pour pleurer quand tu auras besoin que je sauve tes amis...

Capucine se raccrocha un peu plus à lui à son baiser.

— Viens, murmura-t-elle avec empressement.

Alors fous-moi la paix. Je suis toujours en colère contre toi, j'ai pas envie de te parler.

Noé sentit qu'il perdait le fil de ce qu'il était en train de faire. Heureusement que Capucine l'embrassait sinon il aurait pu en perdre ses moyens. Il n'attendit pas plus pour obéir à sa supplication, venant en elle dans un coup de reins accompagné d'un gémissement qui ne laissait aucun doute sur ce qu'il ressentait à être enfin là. Il attrapa ses fesses plus fermement.

Miu laissa planer sa menace dans une sentiment diffus d'angoisse qui disparut peu à peu avec sa brutale absence mais surtout au contact brûlant et autrement plus rassurant de Capucine.
Cet étreinte les laissa essoufflés et ils terminèrent sur le canapé pour se remettre tous les deux.

— Tu avais prévu la porte d'entrée quand tu disais toutes les pièces de la maison ? finit elle par dire avec un sourire qui se termina dans un petit éclat de rire.

Installée contre lui, elle n'avait pas pris le soin de remettre sa robe en place et ses cheveux s'échappaient de sa pince pour dégringoler sur ses yeux plus vert que bleu avec la faible luminosité du salon.

— Non, mais j'improvise, répondit-il en écoutant son rire.

Son regard accrocha celui de Capucine et il laissa ses doigts frôler sa peau nue.

— Tu es tellement belle comme ça, fit-il avec sincérité.

Il la trouvait belle, sexy et désirable tout le temps, c'était indéniable. Mais là, loin de sa perfection habituelle, il la trouvait réellement magnifique.

— Tu es un scientifique. Tu sais exactement pourquoi je te semble belle à cet instant, dit elle en riant plus franchement.

Elle lui sourit sans sa retenue habituelle.

— Toutes ces hormones te feront croire que je suis belle, unique, que le sexe est encore plus merveilleux avec moi...

Et même qu'il était amoureux d'elle. Mais ça, elle ne le dit pas. Parce qu'elle avait envie qu'il le soit. Même si ça n'était qu'un petit peu. Même si ce n'était pas raisonnable. Être une sorte de première amour pour lui, c'était quelque chose qui lui donnait l'impression qu'elle avait un peu plus de valeur qu'elle ne l'aurait cru de prime abord.

Il accrocha sa jambe à la sienne.

— C'est vrai que je suis plein d'hormones, fit-il dans un rire.

Il continua de caresser sa peau avec douceur.

— Mais comme je suis sorcier, je sais aussi que l'alchimie est très, très importante. Et ça, je crois qu'il y en a énooooormément entre nous.

A un point qu'il n'aurait jamais imaginé possible d'ailleurs.

— Sûrement pour que tu trouves jolie toute décoiffée, approuva-t-elle.

Elle ferma les yeux un instant, laissant sa main caresser son bras.

— J'opte pour que la prochaine étape soit dans mon lit. Je crois que c'est plus sûr et plus confortable, dit elle avec un sourire.

— Pas d'acrobaties dans la salle de bain ? fit-il avec une fausse innocence.

Il continua à la regarder sans s'en lasser. Il se moquait de savoir si c'était les hormones ou autre chose, il se sentait tellement mieux depuis qu'il l'avait retrouvée.

— En troisième round alors, dit elle sur le même ton.

Mais quelque chose lui disait que ce serait plutôt pour le lendemain matin. Elle se leva et l'entraina dans sa chambre. Elle se deshabilla et en fit de même pour lui avant qu'ils se glissent sous les draps et elle contre lui. Elle éteignit la lumière et soupira de bien être à sentir sa peau contre la sienne.

— J'espère que la vie en communauté ne durera plus trop longtemps, murmura-t-elle.

Il garda les yeux ouverts et fixa  le plafond, continuant de caresser doucement l'épaule, le bras ou le dos de Capucine. Son corps ressentait à la fois la fatigue de la journée et celle de leurs étreintes successives, et sa tête était un peu dans le coton.

— Tu n'es pas emballée par l'idée de vivre à 15 entourée d'agents de sécu et de drones ? Vraiment, je comprends pas...

Il soupira en se disant qu'il préférerait ne jamais rentrer. Il y avait trop d'emmerdes prêts à leur tomber dessus. Il repensa immanquablement à Clémentine et son cœur se serra à nouveau. Il resserra son étreinte autour de Capucine aussitôt.

— Je me dis surtout que ta mère va finir par deviner en me regardant... Elle est plus observatrice que Quentin, dit elle.

— Rien ne pourra plus la choquer, tu sais, et elle aura d'autres choses à penser. Il lui a tout raconté au sujet de Gauthier.

— Oh... Oh mon dieu... Comment va-t-elle ? Elle doit être si mal...

Elle avait bien essayé d'éviter le pire en les faisant rompre mais cela ne remontait qu'à quelques jours... Il y avait avant. Toutes ces années.

— J'ai pas tout entendu, mais elle a engueulé Quentin et elle est partie pour St Germain. C'était un peu avant qu'il me demande...

Il soupira. Il ne voulait pas se rappeler qu'il avait été en colère contre Capucine parce qu'elle cherchait à le séparer de Miu.

— C'était en début d'après-midi. Quand j'y suis allé, elle n'y était pas.

— J'espère qu'elle ne va pas aller le trouver en personne...

Elle connaissait bien Gwen et son caractère de fer dans un gant de velours. Elle ne la voyait pas rester inactive.

Elle le sentit se tendre à cette perspective.

— Tu crois qu'elle irait ? Quentin n'était pas très sûr qu'elle l'ait cru...

Noé s'était simplement dit que sa mère avait eu besoin de digérer la nouvelle. Il n'avait pas imaginé une seule seconde qu'elle puisse aller au devant de Gauthier.