FB#15 - Andrea & Kole

Andrea eut un léger rire devant sa réponse.

— Oui. Mais à votre place, je ne le confierai pas à un inconnu surtout dans un pays que je connais pas.

Il lui sourit en l'observant.

— L'Europe est moins sûr que l'Amérique vous savez.

Elle lui rendit son regard avant de détourner les yeux.

— Ça, je n'en suis pas si sûre, laissa-t-elle échapper.

Les Etats-Unis étaient dangereux et avec cette horrible machine, le monde entier l'était aussi.

— Peut être ne parlons nous pas des mêmes menaces, dit il avec douceur.

Elle le regarda longuement et se dit que définitivement, elle ne pouvait pas remplir cette mission. Elle ne savait ni mentir, ni jouer la comédie. Mais si c'était un test, elle allait se planter et cela finirait mal pour elle.

— Peut-être...

Il but une gorgée de son verre en silence. Il le reposa et se pencha en avant pour poser sa main sur le bras de Lucy, de manière très légère lui permettant totalement de se dégager.

— Si vous me disiez ce que vous attendez réellement de moi, Lucy.

Lucy fut surprise par son geste, ne s'y étant pas attendue. Elle retira sa main doucement. Elle ignorait si son pouvoir pouvait se déclencher par contact.

— Je crois qu'il vaut mieux que je rentre, lui répondit-elle sans sourire cette fois. Merci, Monsieur Cotton.

Elle était vraiment la pire des recrues... Perry ne serait pas fier d'elle et peut-être même regretterait-il de l'avoir tant protégée des Eveillés en voyant qu'elle était incapable de remplir une mission aussi simple !

— Je suis navrée de vous avoir fait perdre votre temps, dit-elle en se levant, cherchant quelques billets dans son sac pour payer les consommations.

Andrea resta assis et l'observa avec attention. Alors qu'elle cherchait dans son sac, Lucy remarqua que l'enveloppe avec l'argent que lui avait donné Costa avait disparu.

— Je ne pense pas avoir perdu mon temps, lui dit il avant de porter son verre à ses lèvres.

Lucy releva la tête pour le regarder fixement. Quand avait-il fait ça ? Et comment ?

— En effet...

Marcello avait dit qu'Andrea était un escroc, mais apparemment, il était aussi un voleur. Par réflexe, elle vérifia qu'elle avait toujours son bracelet au poignet. Elle se moquait de l'argent, mais le bijou, lui, était précieux à ses yeux, et pas à cause de sa valeur marchande.

Il sourit à son geste. Il aurait pu le prendre aisément tant elle était concentrée sur ses pensées plutôt que sur lui. Mais il n'avait aucune envie de revendre des bijoux alors que du cash était à portée de main.

— Vous êtes suivie, je pense, dit il finalement en détournant ses yeux vers un homme assis plus loin.

Il avait le crâne rasé et des tatouages, jurant un peu avec la population locale. Il faisait semblant d'être focalisé sur son téléphone portable mais Andrea l'avait vu plus d'une fois regardé Lucy.

Le regard de Lucy suivit le sien. Elle ne connaissait pas ce type, mais cela ne lui disait rien qui vaille. Il lui rappelait trop ceux qu'elle avait croisés dans le Négatif les nuits précédentes.
Elle se rassit. Elle ne devait pas laisser la peur l'envahir ou elle risquait de déclencher son pouvoir sans le vouloir. Ce serait une catastrophe ici, avec tous ces gens...

— Vous vouliez savoir ce que je vous voulais, très bien, fit-elle en optant finalement pour la franchise, croisant à nouveau le regard d'Andrea. Je devais vous convaincre de venir avec moi aux Etats-Unis, à Akron, pour rejoindre les Eveillés. Je pense que ça doit vous parler. L'enveloppe était pour vous engager sous un prétexte ou un autre. Mais...

Peut-être que le tatoué n'avait rien à voir avec Geknackt. Peut-être aussi qu'il était complice d'Andrea. C'était des possibilités à envisager. Elle tenait son portable dans la main, prête à appuyer sur le raccourci permettant d'appeler Marcia.

— Si on montait dans ma chambre, proposa-t-il en se levant.

Il lui désigna les ascenseurs. Le type n'avait pas l'air de vouloir faire de vagues mais il en avait déjà vu capable de tirer en plein milieu de la foule sans que ça les dérange plus que ça.

Elle se leva à nouveau. Si elle n'était pas rassurée par le mec tatoué, monter dans la chambre d'un inconnu n'était pas non plus la meilleure des idées.

— Et si nous quittions l'hôtel plutôt ? Nous n'avons qu'à prendre un taxi.

— Alors nos chemins se séparent ici. Le combat ne fait pas parti de mes poings forts, dit il.

Il s'inclina légérement.

— Ravi d'avoir fait votre connaissance, Lucy.

Lucy jeta un coup d'oeil vers le tatoué. Elle non plus n'était pas une combattante, mais elle avait tout de même de quoi se défendre.

— Très bien, je vous suis, capitula-t-elle d'un ton plus assuré qu'elle ne l'était réellement.

Andrea interpella une serveuse et lui murmura quelque chose à l'oreille. Elle jeta un œil vers l'homme tatoué.
Il glissa ensuite sa main dans le dos de Lucy pour l'emmener jusqu'à l'ascenseur le plus proche. Alors qu'Andrea appuyait sur le bouton du dernier étage, l'homme se leva pour les rejoindre mais il fut interpelé par un serveur qui le retint poliment.
Les portes se refermèrent, ils étaient seuls dans la cabine.

Lucy s'appuya contre la paroi pour garder Andrea à l'oeil. Elle n'était pas sûre d'avoir fait le bon choix, mais il était trop tard pour reculer.