Exercice d'écritures

Les ateliers d'écriture sont un excellent exercice pour apprendre à écrire sur tout, en automatisme. Et sans jugement puisqu'on se lit nos textes à la fin. Je pense que ce serait salutaire pour toi.
Tu vas reprendre la scène de la boite. Une fois pendant 3 jours. ça va te faire 3 exercices.
Tu l'auras compris je veux que tu la reprennes à chaque fois sous le point de vue de chaque personnage : Dimitri, Connor et même Kelly.

Tu as deux possibilités. Sois tu gardes le principes de l'atelier et tu as 1h30 pour le faire. Tu mets le chrono, tu te lances et quand l'heure est finie, tu as arrêtes et tu peux garder la demi restant pour relire ou corriger des trucs.

Soit on le fait ce soir et je t'aide à chaque fois en reprenant les autres personnages.

POV de Kelly

Les murs peints en noir, les lumières tamisées si on exceptait, parfois, les spots qui tourbillonnaient sur la piste comme pour mettre en lumière là une épaule dénudée, ici un sourire sensuel, tout ici menait au rapprochement, à l’intime.
La musique était assourdissante, les basses résonnant dans les corps, leur imprimant le rythme à suivre. Il fallait hurler pour discuter – encore un prétexte pour se rapprocher, se découvrir au plus près. Danser était aussi une bonne chose pour ne pas penser, surtout si on buvait aussi, et Kelly n’avait vraiment pas envie que Connor se mette à gamberger et freine des quatre fers alors qu’elle avait tellement galéré à enfin l’avoir pour elle. A enfin avoir son attention.
Cela avait été un travail de longue haleine, ça, c’était certain. Elle avait d’abord tenté ses habituels appâts, mais ses décolletés et ses jupes courtes n’avaient pas suffi à ferrer le poisson. Enfin, l’épicier. Il avait fallu qu’elle se fasse plus rusée, plus insidieuse. Elle avait sapé peu à peu la confiance de Connor en Bo. Juste par petites touches, par-ci, par-là, devenant cette amie dont il avait tant besoin, celle qui serait de bon conseil.
Kelly avait bien cru ne jamais dépasser ce stade et cela avait été très frustrant. Alors, elle était passée à la vitesse supérieure et cela avait mené à ce soir et à Connor assis, là, au bar, avec elle. Il était remonté comme une pendule contre Bo et c’était sa chance. Connor méritait mieux. Il la méritait, elle. Et elle allait lui démontrer qu’il s’était trompé de nana.
Elle posa sa main sur sa cuisse, se penchant en avant vers lui sous le prétexte de lui parler. Il avait une vue plongeante sur son décolleté et ne pouvait manquer qu’elle ne portait pas de soutien-gorge. Elle n’avait pas de culotte non plus, mais cela, il s’en rendrait compte tout à l’heure.
Elle se leva à moitié, rapprochant sa poitrine de son visage alors qu’elle lui demandait à l’oreille s’il voulait aller danser. Elle n’attendit pas sa réponse et l’entraina sur la piste en lui prenant la main. Ils avaient chacun une bière dans l’autre. Elle se colla contre lui. Elle pouvait prétexter que la piste était bondée, mais il ne fit aucune réflexion, ni même aucun geste pour la repousser. Bien. Très bien.
Elle lui sourit, charmeuse, et avala une gorgée de sa bière. Il lui répondit et fit de même. Elle voyait l’alcool dans ses yeux, le désir aussi alors qu’elle se déhanchait contre lui. Elle le lâcha pour lui tourner autour, sensuelle, aguicheuse, mais les yeux toujours, toujours rivés sur lui. Il fallait qu’il comprenne qu’elle n’était là que pour lui, qu’il n’y avait que lui. Elle revint contre lui, écrasant sa poitrine contre son tshirt au logo d’Oasis. Sa main libre s’égara sur sa nuque, juste à la naissance de ses cheveux. Le souffle de Connor se faisait court et elle espérait que ce n’était pas seulement à cause de la chaleur étouffante qu’il faisait dans le club.
- On n’est pas bien, là ? lui dit-elle à l’oreille.
Ses lèvres effleurèrent son lobe.
- Ouais.
Il n’avait sûrement pas compris sa question à cause de la musique, mais ce n’était pas important.
Elle attrapa sa main libre et la posa sur sa hanche. Il ne l’ôta pas. Bien au contraire, elle se pressa contre son chemisier qui commençait un peu à coller à cause de la sueur. S’il lui avait échappé plus tôt qu’il lui manquait son soutien-gorge, il ne pouvait plus tellement l’ignorer maintenant alors que ses seins pointaient contre le tissu, frôlant son torse. Elle le vit déglutir et sentit sa main passer de sa hanche à son dos pour la tenir contre lui. Elle adressa un sourire qui voulait tout dire, qui promettait beaucoup.
La musique changea et elle lui vola sa bière, en but une gorgée et la fourra avec la sienne dans les mains d’un mec qui dansait juste à côté. Elle tournait le dos à Connor maintenant, mais restait collée contre lui juste ce qu’il fallait pour l’exciter. Elle savait qu’avec Bo, ils faisaient moins l’amour qu’au début. Or, Connor était le genre de mec qui avait des besoins à assouvir et Bo était trop conne pour s’en rendre compte. Elle, elle avait vu la frustration s’accumuler, elle l’avait aussi un peu entretenue par des commentaires ou en paradant en jupe courte devant lui.
Elle se cambra contre lui, les bras levés au-dessus de leurs têtes. Quand ils redescendirent, elle en profita pour mêler ses doigts aux cheveux de Connor. Elle sentait son souffle se faire court contre son oreille. Il dit quelque chose, mais elle ne l’entendit pas. En revanche, elle sentit très bien ses mains prendre possession de sa taille, ses doigts effleurant sa poitrine, et la bosse dans son jean. Il était mûr. Il était temps de récolter les fruits de son dur travail.
Elle se tourna vers lui, collée tout contre son corps, jouant toujours avec ses cheveux. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour atteindre à nouveau son oreille.
- Je te veux. Maintenant.
Elle suça le lobe de son oreille et elle sentit un courant électrique parcourir son corps. Il avait dû suivre celui de Connor aussi car ses mains se firent plus possessives.
Elle s’écarta de lui et elle vit combien il le regrettait. Parfait.
Elle lui prit la main et il ne résista pas quand elle prit la direction des toilettes. Ils ne les avaient même pas encore atteintes qu’il la plaqua contre le mur pour l’embrasser avec impatience. Il était rude dans son baiser et dans ses gestes alors que sa main venait malaxer son sein droit. Elle eut l’impression qu’elle allait fondre de plaisir alors qu’elle obtenait enfin ce dont elle rêvait.
Elle le repoussa avec un sourire amusé. Elle ne pensait plus à Bo, plus au plan qu’elle avait échafaudé depuis des mois, des années, pour avoir Connor. A cet instant, elle ne voulait qu’une chose : lui. Lui contre son corps. Lui entre ses cuisses. Ses lèvres, ses mains, son sexe.
Connor devait être dans le même état parce qu’il ne s’embarrassa pas de préliminaires. Une fois dans les toilettes, il la plaqua à nouveau contre le mur des cabines. Kelly était incapable de parler, haletante, pantelante. Elle lui prit la main pour la fourrer sous sa jupe.
- Woaw… Toi, t’es…
Il n’en dit pas plus et l’embrassa à pleine bouche. Elle ouvrit les cuisses un peu plus alors que les doigts de Connor s’aventuraient dans son intimité sans douceur. Elle entreprit de défaire son pantalon et pesta contre sa putain de ceinture avant de sortir enfin ce qu’elle convoitait. Connor perdit tout sens de la réalité à son toucher. Il la souleva contre le mur par les fesses, la laissant s’accrocher à lui, et entra en elle sans plus de fioritures, ni même précaution. Elle cria de plaisir et de surprise mêlées, se perdant dans ses baisers et ses coups de butoir.
- Oui… Plus fort… l’encouragea-t-elle, enfonçant ses ongles dans sa nuque sous le plaisir qui montait.
Kelly ne comprit pas pourquoi, d’un coup, Connor la lâcha et elle faillit bien se vautrer sur le sol dégueulasse. Il y eut des cris. Les siens, stridents, aigus. Ceux de Connor qui tentait de se défendre, mais n’arrivait pas à porter un seul coup. Elle mit quelques instants à comprendre ce qui se passait, à reconnaître Dimitri Hendricks en train de démolir le fiancé de sa sœur. Le sang gicla sur le carrelage, encore et encore, et Kelly en reçut un peu. Le sang de Connor. Elle hurla de plus belle sans savoir si elle prononçait des mots ou non. Soudain, on l’aida à se relever pour l’emmener plus loin, mais elle ne cessait d’appeler Connor. Connor qui ne bougeait plus. Vaguement, elle aperçut des types attraper Dimitri qui se débattit, cognant de plus belle ceux qui l’empêchaient de tuer Connor, et d’autres se ruer sur le corps immobile sur le carrelage, baignant dans son sang. Elle ne reconnaissait même plus Connor tellement il y en avait. Elle fondit en larmes et sa vision se brouilla complètement.

POV de Connor

Connor en était à sa 2e bière. Ou sa 3e, il ne savait plus bien, mais cela n’avait guère d’importance : il était là pour s’amuser et oublier combien il était contrarié par Bo. Bo qui passait de moins en moins de temps avec lui. Bo qui fréquentait un peu trop Stephen à son goût, qui échangeait des sms avec lui dans son dos. Bo qui avait ignoré ses appels ce soir. Ne pas savoir où elle était et, surtout, avec qui le rendait fou. Il l’imaginait rire avec Stephen, adresser des sourires propres à faire fondre la banquise à un des anciens marins de son père, ou encore pire.
Il fut tiré de ses pensées par la main de Kelly sur sa cuisse et lui sourit. C’était elle qui l’avait amené ici alors qu’il n’avait plus mis les pieds dans une boite depuis des mois. Elle qui lui avait dit qu’il avait besoin de se changer les idées, de s’amuser, de penser à autre chose, qu’il avait le droit de prendre du temps pour lui, que cela était du gâchis à son âge de rester enfermer un vendredi soir. Il lui en était reconnaissant. Kelly était une véritable amie. La seule, peut-être, qui lui restait. Elle le comprenait, le soutenait. Parfois, il avait l’impression qu’elle le faisait même mieux que Bo.
Kelly se pencha vers lui et il fit de même pour entendre ce qu’elle voulait lui dire à l’oreille. Ici, il fallait parler fort si on voulait discuter. Il apprécia le spectacle qui se dessina devant lui quand elle brandit son décolleté plongeant juste devant ses yeux. Elle avait de jolis seins. Ce n’était pas la première fois qu’il le remarquait, mais peut-être la première qu’il s’autorisait à vraiment le penser. Il nota qu’elle n’avait pas mis de soutien-gorge. Cela lui donna chaud, tout autant que son souffle à son oreille.
- On va danser ?
Il n’eut pas le temps de répondre qu’elle l’entrainait déjà sur la piste. Connor n’aurait pas refusé. Danser, suivre le rythme de la musique, se laisser assourdir par elle, c’était un excellent moyen de ne plus penser. Aidé d’une bière encore plus. Il voulait se sentir bien, léger. Il voulait s’amuser et oublier sa colère, sa déception, sa frustration et cette jalousie qui le bouffait un peu plus tous les jours. Il but une gorgée de sa bière une fois au milieu des autres danseurs, secouant la tête et le corps en rythme.
- Fais attention. Y a des bourrins, fit-il en riant quand elle se colla contre lui à cause de la proximité des autres danseurs.
Le sourire qu’elle lui renvoya le surprit. Il ne l’avait jamais vue sourire ainsi. Mais c’était vraiment plaisant. Et cela l’émoustillait. Il aurait dû mettre le holà, rappeler les limites, dire qu’il était fiancé à sa meilleure amie, mais quand Kelly lui tourna autour en le dévorant du regard, il commença à perdre pied. Bo ne l’avait plus regardé ainsi depuis… depuis quand ? Depuis qu’elle s’endormait alors qu’ils allaient faire l’amour ? Depuis qu’elle disait faire des heures supp’ ? Depuis qu’elle traînait avec Stephen ? C’était tellement agréable de sentir désiré, d’être le seul point d’attention de quelqu’un, surtout une jolie fille comme Kelly. C’était flatteur et excellent pour son égo de mâle malmené et délaissé.
Alors, quand elle revint se coller à lui et joua sur sa nuque avec ses doigts, il la laissa faire. Tout son corps réagissait à cette proximité, à ce corps féminin tout en courbes qui épousait le sien. Il pouvait bien en profiter un petit peu. Encore un tout petit peu.
- On n’est pas bien, là ?
La poitrine de Kelly s’était écrasée contre son torse et ses lèvres étaient revenues près de son oreille, bien moins amicalement que tout à l’heure.
- Ouais.
Ce fut la seule chose qu’il fut capable de répondre. Elle le chauffait comme la braise, il n’était pas idiot à ce point pour ne pas le voir. Elle était belle, souriante… disponible et visiblement, elle attendait après lui. Tout le contraire de Bo. Il ressentit une bouffée de colère à cette pensée, aussitôt disparue quand Kelly s’empara de sa main pour la mettre sur sa hanche. Il l’observa. Le désir brillait dans son regard. Son désir pour lui. Il l’attira un peu plus contre lui pour le plaisir de sentir ses seins contre son torse.
Quand elle rompit le contact pour se débarrasser de leurs bières, il en fut à la fois contrarié et soulagé. Ses sentiments se mélangeaient et l’alcool ne devait pas aider à les éclaircir. Sa frustration sexuelle non plus. Il essayait encore de lutter contre l’envie qu’il avait de Kelly, mais le peu de raison qui lui restait défaillit quand elle frotta ses fesses contre son bas-ventre avec la sensualité d’une chatte.
- Merde, Kelly… Tu m’excites à mort, souffla-t-il à son oreille, la voix de plus en plus rauque.
Il bandait maintenant et était sur le point d’exploser. Une petite voix mauvaise lui soufflait qu’il allait baiser Kelly et que cela ferait les pieds à Bo qui ne devait pas se prier avec Stephen ou un autre.
- Je te veux. Maintenant.
S’il avait eu encore quelques scrupules quelque part, ils furent balayés par cette simple phrase et sa bouche suçant le lobe de son oreille. L’envie d’elle était bien trop forte pour être contenue. Il était incapable de penser à autre chose qu’à ce corps qui désirait le sien, à ce désir qu’il devait assouvir sous peine de devenir dingue.
Kelly l’entraina hors de la piste de danse et il ne se fit pas prier. Il la plaqua contre le premier mur à leur portée en se moquant bien des gens autour. Il les voyait à peine, entendait à peine la musique tellement le sang battait à ses tempes. Il plaqua sa bouche sur la sienne pour l’embrasser avec une avidité qu’il aurait eu de la peine à reconnaître. Ses gestes étaient impatients et il fallut qu’elle se dégage pour qu’il ne la déshabille pas en public. Heureusement, ils n’allèrent guère plus loin. Il envoya claquer la porte des toilettes contre le mur et revint à Kelly avec empressement. Il faillit tout lâcher quand il découvrit qu’elle ne portait pas de culotte sous sa jupe.
- Woaw… Toi, t’es…
Ses doigts trouvèrent aussitôt leur chemin dans son intimité trempée et il gémit quand elle le délivra de son jean.
Cette fois, il n’y avait plus de retour en arrière possible. Connor n’était plus que sensations, un peu brutales à cause de l’impatience et de sa frustration initiale. Il souleva Kelly contre le mur des cabines et la pénétra dans un cri rauque. Il la baisait enfin et il se sentait bien comme il ne l’avait plus été depuis des semaines, des mois. C’était purement animal, un besoin primaire à assouvir.
La réalité le rattrapa quand le premier coup l’atteint en pleine tête et qu’il se retrouva éjecté en arrière. Le second coup le cueillit à la mâchoire. Le 3e à l’estomac. Il réussit à placer ses bras contre lui pour se défendre, mais il chuta. Est-ce qu’il avait glissé sur le carrelage humide ou est-ce que l’autre l’avait frappé si fort qu’il en avait perdu l’équilibre ? C’était une question con alors qu’un nouveau coup de poing s’abattait et qu’il sentit un poids sur lui le maintenir au sol. Il reconnut alors son beau-frère, assis sur lui, le visage déformé par la rage.
- Salopard ! Espèce de merde !
- Dimit…
Il ne put terminer, la bouche en sang. Ses dents s’entrechoquaient sous les phalanges de Dimitri. Il n’y avait plus que de la douleur. Partout. Il ne sentait plus son visage en dehors de la souffrance. Connor eut la vague impression que quelque chose explosait sur le côté droit. Une pommette peut-être ? Ses dents ? Un liquide chaud et poisseux coulait sur ses yeux et il ne distinguait plus rien. Il n’entendait pas plus les insultes de Dimitri. Il ne percevait que vaguement ses cris de rage.
Dimitri allait le tuer. C’était la seule pensée qu’il arrivait encore à avoir. Il allait mourir.
« Bo… » fut sa dernière pensée avant le néant.

POV de Dimi

Dimitri n’avait même pas voulu sortir ce soir-là. Il avait d’abord pensé acheter une pizza et la manger avec son père devant la télé. A la rigueur, il l’aurait entrainé au pub quelques heures, lui aurait payé une bière et ils auraient parlé de tout et de rien, comme d’habitude. Gills aurait peut-être demandé des nouvelles de Chad. Il lui aurait dit que tout était ok, que le jeune homme travaillait ce soir. Ils auraient évoqué ses dernières photos : une série sur le port, les chalutiers et le dur travail des marins. Gills en était fier. Il n’arrêtait pas de lui dire qu’il devrait les envoyer à un magazine, peut-être trouver un endroit où exposer, à condition d’enlever celles où on voyait sa grosse tête de vieux marin désabusé. Il parlerait sans doute d’aller à Londres, que là-bas, en tant qu’artiste-photographe, Dimi trouverait sa place et un travail. Le jeune homme savait que si Gills le poussait tant à quitter Portishead, c’était pour qu’il ait une vraie chance de faire quelque chose de sa vie, quelque chose qui compte pour lui, qu’il aimerait vraiment. Il croyait réellement en son potentiel de photographe et cela le désolait sans doute autant qu’il végète ici, entre plusieurs petits boulots, que sa sœur. De son côté, Gills devait se douter que jamais Dimitri ne quitterait Portishead en les laissant tous les deux derrière, et spécialement Bo. Il les aimait trop pour cela.
Finalement, s’il y avait bien eu pizza, Gills était tellement épuisé qu’il s’était endormi sur le canapé, comme presque tous les soirs. Alors, quand ses potes l’avaient appelé pour lui proposer d’aller en boîte, Dimi avait accepté. Il avait mis une couverture sur son vieux père, l’avait débarrassé de ses chaussures, avait baissé un peu le son de la télé, lui avait laissé un mot pour dire qu’il sortait, et il avait rejoint ses potes sans autre idée que de se détendre un peu et d’oublier toutes les merdes qui jalonnaient sa vie.
Non, Dimitri n’avait même pas voulu sortir ce soir-là, mais Dieu, la Providence, le Destin ou n’importe quoi d’autre avait décidé du contraire. Pour qu’il assiste à ce qu’il avait prévu depuis des mois : le moment où Connor se planterait. Où Connor allait tellement merder qu’il allait anéantir Bo.
Dimitri ne l’avait pas repéré tout de suite, mais dès la seconde où il l’avait aperçu sur la piste de danse, Kelly contre lui, il ne l’avait plus quitté des yeux. Tout son être s’était glacé et il lutta contre le gouffre qui menaçait de s’ouvrir sous ses pieds et de le faire basculer. Connor était un petit con, mais il ne le pensait pas suicidaire pour peloter Kelly tout en sachant que ce club était l’un des lieux de sortie habituels de son beau-frère. Il ne devait même pas savoir qu’il venait ici quasiment tous les week-ends ! Kelly, elle, savait. Ils en avaient parlé un jour, Dimi ne savait plus quand.
Mais que ce soit une coïncidence ou pas, que Kelly ai piégé Connor ou pas, Dimitri s’en foutait. Tous ses muscles se tendaient à se rompre alors qu’il voyait que Connor ne résistait même pas à la chienne en chaleur qui passait pour la meilleure amie de Bo. Il serra les doigts sur son verre en pensant à sa sœur. Trahie par son mec et son amie. Il revit en flash cette image de Bo sur la plage quelques années plus tôt. Que cela puisse se reproduire, qu’elle perde son sourire, que sa lumière s’éteigne le tuait d’avance et l’animal en lui grondait de plus en plus.
Il ne se souvint même pas de s’être levé. Il était déjà en train de fendre la foule, suivant toujours Kelly et Connor quittant la piste. Chad aurait été là, il aurait sans doute eu peur de son regard et de son expression qui faisaient que certains s’écartaient. Peut-être aurait-il réussi à l’arrêter, mais rien n’était moins sûr.
Dimitri se figea en voyant Connor plaquer Kelly contre un mur pour lui avaler les amygdales et il joua des coudes pour avancer. A ce moment-là, le jeune homme espérait encore arriver à se maîtriser. Pour Bo. Pour ne pas l’abandonner. Pour qu’elle ne s’effondre pas parce qu’il aurait démonté la gueule de son fiancé. Il ne devait pas être net pour tenir autant à elle, pour vouloir la protéger et la défendre à ce point. Un jour, il avait plaisanté avec Steven en disant que s’il avait eu le malheur d’être hétéro, il serait tombé amoureux de sa sœur, plongeant toute la famille dans une bonne vieille tragédie grecque. Mais c’était plus que de l’amour. C’était viscéral. Bo était sa lumière, elle l’avait sauvée de tellement de manières malgré leurs passés à tous deux ! Sans Bo, il ne serait jamais devenu celui qu’il était. Sans Bo, rien ne valait la peine dans ce monde. Et tout ce qu’il voulait, c’était qu’elle soit heureuse.
Et ce connard venait de tout gâcher ! Il aurait tellement préféré que son instinct se trompe, mais il avait toujours su, qu’au contraire, ce n’était qu’une question de temps.
Dimitri finit par arriver près des toilettes. Les deux traîtres y avaient certainement disparu. Ce n’était pas très compliqué à comprendre. Il hésita à entrer. Il n’avait pas besoin de voir pour savoir ce qui se passait là-dedans. Il n’avait pas besoin de contempler ce spectacle. Et s’il ne voyait pas, il pouvait encore laisser ses poings au vestiaire, il voulait s’en persuader. Pour Bo.
Les jours suivants, Dimitri aurait du temps pour réfléchir à la raison qui le poussa à entrer malgré tout. A s’infliger de voir Kelly agrippée à Connor qui la baisait contre les cabines des chiottes. De l’entendre l’encourager à y aller plus fort. De voir Connor lui rentrer dedans comme un animal en rut.
Des instants qui suivirent, Dimi n’aurait guère de souvenirs. Il y avait eu ce voile rouge, ce voile de rage pure, sur ses yeux, et la violence avait explosé. Dimitri s’était souvent battu à St Charles et même plus tard. Depuis quelques années, il avait cru que cette propension à envoyer son poing dans la gueule des autres s’était atténuée, qu’il avait réussi à faire taire cette partie de lui qu’il avait héritée de son salopard de père et qu’il voulait oublier, renier. Il avait cru qu’il n’était pas comme lui. Et pourtant… Quand son poing s’écrasa sur le visage de Connor la première fois, le tirant en arrière de l’autre main, la seule chose qu’il avait à l’esprit, c’était de le massacrer. Il s’y employa sans une hésitation. Il ne réfléchissait plus. Quelque chose s’était déconnecté dans son cerveau et seuls ses poings et leur violence s’exprimaient.
La mâchoire.
L’estomac.
Le visage à nouveau.
Le sang gicla sur le carrelage où Connor venait de s’étaler et sur son propre visage.
Tel un fauve fondant sur sa proie, Dimi se jeta sur l’autre, s’asseyant sur lui pour le maintenir au sol et le rouer de coups. Il voulait faire disparaitre sa gueule de la surface du monde, la faire entrer dans le sol.
- Salopard ! Espèce de merde ! cria-t-il, la voix cassée.
- Dimi…
Il frappait encore. Et encore. Peu importait les cris autour, le sang qui l’éclaboussait, il frappait.
On le tira brutalement en arrière et il se débattit de toutes ses forces, balançant des coups de pieds à Connor puisqu’on lui emprisonnait les bras. Ils durent s’y mettre à quatre pour l’éloigner du corps sanguinolent qui avait été son beau-frère, mais il réussit à placer quelques coups sur ceux qui voulaient l’empêcher de tuer Connor avant qu’on le plaque au sol à son tour. Son visage cogna contre le carrelage et ses dents s’entrechoquèrent. Il espérait avoir tué Connor. C’était tout ce qui importait.